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Photographie argentique : comment se lancer sans se ruiner ?
Publié le 1 avril 2025 à 12h23

Oubliez l'idée qu'il faut un Leica à 2 000 € et des pellicules hors de prix : on peut shooter en argentique avec trois fois rien, et expérimenter même sans appareil !
La photographie argentique, c’est beau et c’est à la mode. Et comme tout ce qui est à la mode, c’est parfois trop cher pour ce que c’est. Pourtant avec un peu d’effort et de chine, il est tout à fait possible de se lancer pour pas cher. Matos et pellicules à petit prix, solutions de développement à la maison… Quelques astuces pour marcher sur les pas d’Henri Cartier Bresson, sans casser votre tirelire.
La photographie argentique, un jeu d’enfant (ou presque)
Avant de partir en quête de l’appareil parfait, un petit rappel s’impose. Derrière son aura de mystère, la photographie argentique repose sur un principe tout simple. Une surface photosensible (pellicule ou papier), de la lumière pour l’exposer, un bain chimique pour révéler l’image, et le tour est joué. Pas besoin de technologie de pointe ni de matériel hors de prix. Mieux encore, on peut même s’essayer à l’argentique… sans appareil photo.
Sur TikTok et Instagram, des passionnés détournent boîtes à chaussure, canettes ou coquilles de noix pour capturer des images. Comment ? Grâce au sténopé, une des formes les plus primaires de l’histoire de la photo. Une simple boîte percée d’un minuscule trou laisse entrer la lumière, qui vient impressionner le papier ou la pellicule placée à l’intérieur. Pas de lentille, pas de réglages, il suffit de poser votre boite devant la vue et de laisser le temps faire. En bref, juste une expérience brute, où patience et hasard jouent leur rôle.
Bien entendu, si le sténopé ne fonctionne pas tout à fait comme l’argentique moderne – avec ses objectifs et ses mécanismes plus sophistiqués –, il partage pourtant son procédé chimique et son état d’esprit : une photographie manuelle, où l’expérimentation prime sur la technologie. Certains en font un art à part entière, prouvant que l’argentique est avant tout une question de créativité, pas de budget.
Matos et pellicules : des bons plans pour dépenser moins
Pour aller plus loin qu’une simple boîte à chaussure trouée, il faut partir chiner. Et contrairement aux idées reçues, un bon appareil argentique ne coûte pas forcément un rein. En fouillant bien, des modèles comme le Konica C35, les Olympus Trip 35 ou Minolta Hi-Matic se trouvent en brocante ou en ligne pour moins de 30€. L’essentiel est de vérifier l’état de l’obturateur, du compartiment à piles et de la lentille avant achat.
Côté pellicules, inutile de craquer pour les plus chères : achetées en lot, les Kodak Gold ou Fuji C200 restent plus abordables. Une autre alternative intéressante : les pellicules périmées. On les trouve parfois dans les greniers ou sur les étals des marchés aux puces. Et leur date de péremption ne doit pas vous refroidir de les utiliser ! Avec le temps, la chimie dégrade légèrement la pellicule, provoquant des teintes altérées et des contrastes uniques. Ici, ce qui pourrait être un défaut devient un effet artistique recherché. Des photographes comme Brendan Barry ou Michael Raso utilisent souvent des films expirés pour obtenir des rendus vintages inattendus. C’est moins précis, certes, mais c’est moins cher et parfait pour se lancer quand on débute la photographie argentique.
Développement maison : économiser tout en apprenant un savoir-faire
Sur le long terme, c’est surtout le développement des pellicules qui coûte le plus cher. Alors, plutôt que de payer 15€ à 30€ par développement, pourquoi ne pas apprendre à le faire soi-même ? Un kit de développement noir et blanc coûte environ 50€ et permet de réduire drastiquement les frais. Pour scanner ses négatifs, un bon scanner dédié tourne autour de 200-300€, un investissement de taille, certes, mais vite rentabilisé si on shoote souvent. Une fois équipé, le coût par pellicule tombe à 2€ environ.
Mais au-delà de l’aspect financier, vous y gagnerez à développer vos propres tirages ! Apprendre à développer, c’est mieux comprendre les rouages de l’argentique, expérimenter et personnaliser ses clichés. C'est aussi une manière de ne pas dépendre d'un laboratoire qui pourrait maltraiter vos négatifs. Maîtriser le développement, c'est avoir un contrôle total sur son image, de la prise de vue jusqu'à la finalisation.
Alors, est-ce vraiment une question de moyens ? Avec un peu d’effort, la photographie argentique devient plus une affaire de débrouille et de passion. En chinant bien son matos, en optimisant l’achat de ses pellicules et en tentant le développement soi-même, on peut capturer de superbes images sans se ruiner. Et au passage, on acquiert un vrai savoir-faire.
Auteur : Marin TDM
Crédit photo : MarioGuti / iStock