# Fêtes 2022

Comment les stations de ski s’organisent pour la transition écologique ?

Publié le 14 novembre 2022 à 23h00

Eolienne sur une piste de ski
Eolienne sur une piste de ski

De plus en plus de stations françaises tiennent à s’engager auprès des locaux et des vacanciers amateurs de montagne et de sensations fortes en renouvelant leurs offres, leurs infrastructures et leurs pratiques pour des hivers plus verts.

Les stations de sports d’hiver ne sont pas épargnées par le changement climatique. C’est tout leur écosystème et modèle économique qui sont en première ligne : les chutes de neige sont de plus en plus tardives, les canons à neige autrefois réservés à un usage exceptionnel fonctionnent désormais à plein régime pour combler les pertes et assurer la saison de décembre à avril, tandis que les sports d’hiver eux-mêmes sont remis en question pour leur coût écologique.

Posez la question au premier venu : personne n’osera déclarer que le ski est une activité écoresponsable. Au fond, c’est d’une logique implacable. Comment un sport, qui nécessite autant d’infrastructures et d’énergie dans un écosystème aussi fragile que ceux en altitude, pourrait se pratiquer dans le respect de l’environnement ? Pourtant, certaines stations dans les Alpes et dans les Pyrénées tentent de se mettre à la page pour préserver la planète et leur économie.

La neige tout un programme

Pour compenser le manque ponctuel de neige, les stations misent sur des solutions plus vertes comme le snowfarming. A ne pas confondre avec la neige de culture, qui n’est que de la neige artificielle, c’est une technique bien connue des pays nordiques qui a fait son trou en France, comme dans les stations de Bessans et des Rousses dans les Alpes. Elle consiste à conserver des stocks de neige d’une année sur l’autre en la recouvrant de sciure de bois. Celle-ci protège les réserves de la pluie tout en conservant le froid. Peu coûteuse, biosourcée, écoresponsable, c’est une aubaine pour les stations en basse altitude qui dépendent ainsi moins des aléas climatiques. Loin d’être infaillible, ce système permet toutefois de limiter les pertes à 20% d’un hiver à l’autre. La sciure, elle, est complètement réutilisable.

De plus, certaines stations ont décidé de diversifier leurs activités. En effet, si la pratique du ski alpin repose largement sur la présence d’un épais manteau blanc, d’autres loisirs peuvent se faire par tout temps comme la randonnée, en ski ou en raquettes, des balades en traineau, du vélo. De quoi varier les plaisirs, tout en faisant tourner l’activité économique même en faible période d’enneigement et attirer de nouveaux clients amateurs de grands espaces comme dans la station nordique du Capcir dans les Pyrénées-Orientales !

Vers la sobriété énergétique

Pour lutter contre la surconsommation énergétique notamment liée aux remontées mécaniques et logements saisonniers, la station de Serre Chevalier a décidé de gagner en autonomie. Depuis 2016, elle est même devenue le premier domaine skiable de France à produire sa propre électricité́ en misant sur les énergies renouvelables : hydroélectricité́, photovoltaïque et petit éolien. D’ici 2023, 30% de ses besoins en énergie seront pourvus grâce à ce dispositif. La station espère passer à 50% d’autosuffisance renouvelable dans quelques années. Ce projet a par ailleurs reçu un Eusalp Energy Award 2022, qui récompense les initiatives œuvrant pour la transition énergétique dans l'espace alpin européen.

Sur place, consommer moins d’énergie est une priorité, cela vaut aussi pour le transport. Le transport de personnes représente 57% des émissions de GES enregistrées en station, selon une étude de ADEME avec l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne, alors que la pratique du ski n’en cause que 2%. 

Les voitures individuelles sont particulièrement ciblées puisqu’elles restent le véhicule privilégié pour partir en vacances d’hiver. Cependant, les directeurs de stations alertent les visiteurs et suggèrent de se déplacer au moyen du train. Jean Luc Boch, président de l’ANMSM rappelle qu’avec « une émission de 13g CO2 / km, le TGV devance même la voiture électrique, responsable de l’émission de 22g CO2 / km ». Ainsi, que vous alliez vers les Alpes ou les Pyrénées, des lignes de trains de jour comme de nuit ainsi que des navettes ou des bus relient les stations en émettant moins de GES qu’en voiture ou en avion. 

S’en tenir aux bonnes habitudes

Même en vacances, on ne peut pas déroger aux règles d’or écoresponsables. Les professionnels déconseillent le hors-piste aussi bien pour le respect des écosystèmes que pour la sécurité de chacun. De plus, il est encouragé de consommer local car une saison peut permettre de faire vivre les saisonniers et les commerçants du coin sur l’année : les produits sont plus frais et l’expérience n’en sera que plus authentique. Côté matériel type raquettes, ski, bâtons, la location reste un bon plan. C’est un bon moyen de voyager plus léger et de voir ses effets revenir dans un cycle de consommation vertueux. En somme, des petites astuces aussi bonnes pour la planète que pour le porte-monnaie. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Image Gap

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