# Économie

Et si l’alimentation devenait un droit fondamental, comme la santé ?

Publié le 26 février 2025 à 14h55

Femme faisant son marché
Femme faisant son marché

Manger à sa faim et de manière équilibrée est une nécessité pour tous, mais encore aujourd’hui, une part importante de la population n’a pas accès à une alimentation de qualité. Face à ce constat, une initiative ambitieuse émerge : et si l’alimentation devenait un droit fondamental, garanti par un système de sécurité sociale, au même titre que la santé ?

Ce jeudi 20 février, l'Assemblée nationale examine une proposition de loi écologiste visant à soutenir les expérimentations locales de la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Portée notamment par le député Boris Tavernier, cette initiative porte une vision enthousiasmante : et si l’accès à une alimentation saine et durable devenait une réalité pour tous, au même titre que la santé ?

Le principe est très simple. La Sécurité sociale de l’alimentation est une idée qui se développe depuis plusieurs années en France, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg. Inspirée du modèle de la Sécurité sociale, elle ouvre la voie à une transformation positive, garantissant à chacun un droit fondamental à une alimentation de qualité tout en favorisant une agriculture durable et locale.

Un projet de société porteur d'espoir

L'un des principaux atouts de la SSA est son potentiel à éradiquer la précarité alimentaire. Selon une étude du Crédoc de 2023, une personne sur six en France ne mange pas à sa faim. La SSA offrirait une solution concrète, réduisant la dépendance à l'aide alimentaire et garantissant une autonomie alimentaire pour tous.

De plus, cette mesure permettrait d'améliorer considérablement la santé publique en encourageant une alimentation saine. Actuellement, les coûts de santé liés à la malbouffe s'élèvent à plus de 18 milliards d'euros par an. En anticipant ces problèmes, la SSA pourrait limiter ces dépenses tout en améliorant la qualité de vie de millions de Français. Enfin, elle représente une formidable opportunité pour les agriculteurs. En favorisant la production locale et durable, elle leur assurerait une rémunération juste et stable, renforçant ainsi la souveraineté alimentaire nationale.

Un investissement d'avenir

Le défi du financement, souvent soulevé, ne doit pas masquer les opportunités qu'offre la SSA. Si son coût est estimé à 120 milliards d'euros, il s'agit d'un investissement stratégique pour l'avenir. En repensant nos dépenses publiques et en mettant l'accent sur la prévention, ce système pourrait à terme être bénéfique à la fois économiquement et socialement.

Avant d'envisager une généralisation, la SSA fait déjà ses preuves à travers plusieurs expériences locales. À Bordeaux, 150 étudiants ont reçu 100 euros par mois en monnaie locale pour acheter des produits conventionnés, avec une cotisation volontaire de 12 euros. Les premiers résultats sont très encourageants : les participants mangent mieux, sont plus attentifs à leurs choix alimentaires et retrouvent le plaisir de consommer local.

Une démarche citoyenne pour un avenir durable

Au-delà de son impact direct, la SSA incarne une évolution sociétale majeure. Elle réinvente notre rapport à l'alimentation, en y intégrant une dimension citoyenne et participative. En impliquant chacun dans les décisions sur les modes de production et de consommation, elle redonne du pouvoir aux citoyens et favorise une alimentation plus responsable.

L’examen de cette proposition de loi à l'Assemblée nationale est donc une étape cruciale. Si elle ne vise pas encore à instaurer la SSA à l'échelle nationale, elle ouvre un débat essentiel sur l'avenir de notre alimentation. Dans un contexte où les enjeux alimentaires sont au cœur des préoccupations – entre coût de la vie, santé publique et transition écologique –, la SSA pourrait bien représenter une véritable révolution. L’avenir nous appartient : à nous d'imaginer un système alimentaire plus juste, plus solidaire et plus durable.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Halfpoint/iStock

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