Il existe en France près de 82 monnaies locales complémentaires citoyennes (MLCC). La première, l’Abeille, a été lancée dans le Lot et Garonne en 2010, en réponse à la crise de 2008. Désormais tout à fait légales, elles sont encadrées par l'article 16 de la Loi Economie Sociale et Solidaire (ESS) du 31 Juillet 2014 qui reconnaît les monnaies locales comme titres de paiement. La France est ainsi devenue le premier pays européen à légiférer sur cette initiative !

Sous forme de billets sécurisés ou dématérialisés, ces monnaies peuvent être utilisées comme moyen de paiement dans la région où elles sont éditées. Ainsi, elles ne quittent jamais le territoire qui les a vu naître et servent uniquement à les faire prospérer. Aujourd’hui, selon le Mouvement Sol, 5 millions d’euros transformés en monnaie locale circulent aux quatre coins de la France. Toutes les monnaies locales sont adossées à la monnaie nationale et peuvent se convertir à taux 0. Par conséquent, 1 unité de MLCC vaut 1€. A l’inverse de l’euro qui est une monnaie globale et qui est échangée sur des marchés à l’échelle internationale, la MLCC ne sert que là où elle est acceptée. 

A quoi ça sert ?

La monnaie locale permet de favoriser le territoire sur lequel elle est employée en incitant les citoyens à dépenser leur argent chez les commerçants et les artisans de proximité. Ces monnaies peuvent aussi permettre aux prestataires et aux collectivités de se rémunérer entre eux. Par exemple, un restaurateur peut rémunérer ses fournisseurs locaux par ce biais. Ainsi, cela encourage les circuits courts et l’investissement local. 

Mises en place en vue de privilégier des objectifs économiques, sociaux, environnementaux, elles rendent les adhérents maîtres de leurs dépenses et de leurs investissements en tant que communauté. C’est en quelque sorte une démocratie économique : les utilisateurs peuvent ainsi décider de comment et où est investi leur argent. Avec les monnaies locales, les fonds sont affectés entièrement à l’économie réelle, engagée au niveau local. Finis les grands trajets, l’argent injecté dans de grosses industries et la spéculation boursière, l’opération vise à aider le boulanger du coin comme les agriculteurs et les petites surfaces. En amenant les citoyens à repenser la manière dont ils consomment et leurs habitudes, elles participent activement à la transition écologique et solidaire.

Comment ça marche ?

Une monnaie locale est une monnaie complémentaire de l'euro. Pour bénéficier de cette alternative, rien de plus simple. Il suffit d’adhérer auprès de l’association concernée puis d’aller changer ses euros contre sa monnaie locale. Elle permet ensuite d’acheter des biens et services auprès d’agents économiques adhérents qui l’acceptent comme moyen de paiement, créant et retenant ainsi la richesse sur le territoire. 

Que se passe-t-il avec les euros échangés ? Cet argent est déposé sur un fonds de garantie dans une banque éthique, comme La Nef ou le Crédit Coopératif. Il est ensuite investi dans des projets solidaires ou écologiques, parachevant ainsi une économie circulaire et vertueuse à l’échelle de la région. Clients comme prestataires deviennent des acteurs directs du développement et du rayonnement local.

Le bel exemple

L’Eusko a été lancé au Pays Basque en 2013. Le projet est simple : privilégier l’agriculture paysanne, aider à la transition écologique et préserver le terroir grâce à cette monnaie complémentaire et solidaire. En somme, faire des habitants les acteurs principaux de l’économie locale et réelle en leur permettant d’investir dans la culture Basque, de la langue aux produits de consommation. L’opération est un succès puisque près de 3 millions d’euros ont été convertis et réinjectés dans des projets de la communauté depuis sa création !

Désormais, la monnaie est disponible pour les touristes venant passer quelques jours dans la région. Ils peuvent convertir puis dépenser leurs Eusko pour des cours de surf ou pour régler l’hôtel soutenant directement les commerçants. Tout le monde y trouve son compte ! Les visiteurs profitent des meilleures adresses du coin et d’un séjour en immersion tandis que les locaux peuvent promouvoir la richesse de leurs terres et sensibiliser les touristes aux traditions basques. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : DR - ASSOCIATION GALLÉCO