# Économie

Constructions en bauge : la terre crue, modèle d’avenir pour nos habitats ? 

Publié le 19 juin 2023 à 10h37

Pile de briques de terre crue
Pile de briques de terre crue

Des maisons en terre crue au XXIe siècle, c’est possible ? Des chercheurs britanniques et français se sont posés la question, cherchant à créer le matériau durable de demain. 

Une technique ancestrale qui retrouve peu à peu ses lettres de noblesse : les constructions en bauge, mélange de terre et de fibres végétales, ont récemment été sujettes à des essais sur le territoire européen. Objectif : remettre au goût du jour ce matériau durable en l’accordant aux réglementations actuelles. Découverte.

Je voudrais une maison en terre crue, s’il vous plaît

La présence d’habitats en terre crue remonte, selon les sources et les régions du monde, à des milliers d’années. En France et dans le sud de l’Angleterre, c’est principalement durant le Moyen-Âge qu’elles sont construites. Le principe est (relativement) simple : on utilise de la terre, de l’eau et des fibres naturelles séchées en guise de mortier que l’on empile. Il existe différents types de constructions en bauge : on retrouve par exemple la technique du torchis, qui consiste à enduire les murs des maisons de terre mêlée à de la paille. Mais aussi et surtout la technique de bauge coffrée, où l’on édifie les murs par couche successive de quelques dizaines de centimètres, donnant une allure monolithique au bâti.

« (...) Sa pure ligne courbe, qui ne s’interrompt point de la base au faîte, est comme mathématiquement obtenue. On y suppute intuitivement la résistance de la matière. Cette case est faite à la main comme un vase, c’est un travail non de maçon mais de potier », écrivait même André Gide dans son carnet de route au Congo, en 1927, à propos de cases en bauge qu’il rencontrait sur son chemin. Quelle que soit la technique, la bauge a ceci de particulier qu'elle est faite à partir de matériaux naturels et offre un habitat résilient. Faut-il donc réintroduire les maisons en bauge dans nos campagnes ? 

CopBauge, un projet franco-britannique qui remet le bauge au goût du jour 

C’est la question que se sont posés des chercheurs des deux côtés de la Manche, issus principalement des universités de Plymouth (R.U.) et de l’école supérieure d’ingénieurs des travaux de la construction (ESITC) de Caen. Ils constatent que l’un des défis majeurs pour  la réduction des dépenses d’énergie dans l’Union européenne repose sur un changement de paradigme de la construction de bâtiments, « qui consomment actuellement 40 % de l’énergie produite ».

Sans béton, la construction en bauge pourrait être l’une des alternatives. Mais elle se heurte aux nouvelles réglementations thermiques. « La bauge est un matériau très efficace pour réguler l’humidité à l’intérieur d’une habitation. Mais en termes de résistance thermique, elle n’est pas très performante », expliquait Malo Le Guern, docteur en génie des procédés et hautes technologies à l’ESITC, à Ouest-France.

De 2017 à 2023, les chercheurs des deux universités, réunis sous le nom de projet CobBauge (“Cob” signifiant bauge en anglais) ont effectué des recherches pour mettre au point un type de bauge à la fois écologique, résistant et correspondant aux exigences thermiques de l’époque. La première phase a été dédiée à la bauge ultime à partir de matériaux locaux, des deux côtés de la Manche. Les suivantes ont été dédiées à la construction de bâtiments démonstrateurs puis à la recherche sur ceux-ci : isolation, temps de séchage, sécurité, etc. Brexit oblige, le programme européen et son financement ont pris fin, mais les recherches persistent et les deux universités continuent les formations sur ce matériau qui annonce de nombreuses promesses de bâtiments plus écologiques. 

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : pixelfusion3d

Partager