# Culture & Loisirs
Mais au fait, qui se sert des boîtes à livres ?
Publié le 28 mars 2024 à 15h14
Créée en Allemagne comme une œuvre pour rendre la culture à la rue, la boîte à livres s’étend aujourd’hui par-delà les frontières. Ce dispositif géré par les passants s’est largement intégré au paysage français pour devenir un véritable lieu de partage.
Le saviez-vous ? Dans les années 1990 en Allemagne, deux artistes, Michael Clegg et Martin Guttmann, ont réalisé une expérience : mettre en place une microbibliothèque dans un espace urbain et laisser les habitants s’en occuper. Cette boîte à livres fut un véritable succès et, quelques années plus tard, cette expérience est devenue un réel concept qui a su s’imposer en France. Leur nombre est difficile à recenser et pour cause : la plupart de ces boîtes à livres sont implantées par des particuliers. C’est pourquoi en 2016, Recyclivre, une entreprise de vente de livres d’occasion, crée boite-a-lire.com, un site collaboratif qui répertorie toutes les boîtes à livres sur le territoire.
Le site recense aujourd’hui près de ces 10 000 microbibliothèques. En six ans, leur nombre a quintuplé pour devenir un élément ordinaire du paysage français. Une aubaine pour un pays qui a vu naître de nombreux écrivains et écrivaines à succès et compte le plus de Prix Nobel de Littérature. Alors, pour comprendre ce qui fait l’attrait de ces endroits, l’enseignant-chercheur Claude Poissenot s’est penché sur le sujet.
Une envie de partager
Dans son étude intitulée « Usages et usagers des boîtes à livres », Claude Poissenot montre que si l’ambition première des utilisateurs est de déposer des livres pour vider leur bibliothèque, 23% d’entre eux déposent des livres qu’ils veulent partager. Cette envie de transmission d’une œuvre est prégnante chez les plus de 65 ans, contrairement aux plus jeunes qui déclarent être plus enclins à venir retirer des ouvrages. De plus, 42% des usagers des microbibliothèques déclarent prendre un livre dans le but de le partager avec d’autres. Tous les usagers se retrouvent dans l’idée que ces endroits sont un lieu de deuxième vie pour les livres. Et 25% d’entre eux s’entendent pour dire que le succès grandissant de ces boîtes tient notamment à leur caractère social.
Un mouvement mondial
En démocratisant l’accès au savoir, les microbibliothèques sont devenues l’exemple même de l’universalisme de la culture et démontrent que le partage est la clé. Hors des rues, certains magasins et centres commerciaux adaptent le concept dans leurs locaux. De plus, la région Île-de-France déploie depuis 2018 de nombreuses boîtes à livres dans ses gares et compte aujourd’hui plus de 1 300 points d’échange.
Avec les microbibliothèques, la volonté de partager est donc centrale. Dans le même registre, le bookcrossing se démocratise également. Cette pratique à la fois individuelle et collective consiste à partager son livre pour le laisser voyager au fil des lecteurs. Il suffit pour cela de le recenser sur le site bookcrossing.com, l’étiqueter, le déposer à un endroit et lui souhaiter bon voyage.
Autrice : Flavie R
Crédit Photo : clu/iStock