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Guérilla jardinière : le « flower power » fait de la résistance

Publié le 10 octobre 2024 à 10h48

Pelle de jardin en métal vert remplie de terre brune
Pelle de jardin en métal vert remplie de terre brune

La guérilla jardinière, ou Guerrilla Gardening en anglais, est un mouvement citoyen global qui revisite l'espace citadin à travers des actions de jardinage subversif, cherchant à transformer les zones urbaines délaissées en espaces verts.

Apparu à New York dans les années 1970, ce mouvement a été initié par Liz Christy, figure emblématique qui a lancé l'idée des « bombes de graines » sur des terrains abandonnés, transformant ainsi des espaces inutilisés en jardins. Ce jardinage activiste est une forme de résistance pacifique qui questionne l'utilisation des espaces publics et suggère leur conversion en zones de biodiversité. Concrètement, il s'agit pour ses membres d'arpenter les villes et de semer des graines partout où il y a des interstices pour le faire.

Depuis, le mouvement s'est étendu aux grandes villes du monde entier, de Londres à Tokyo, en passant par Paris. En France, le réseau Guérilla Gardening France, fondé en 2010 par Gaby Bonnefille, coordonne ces initiatives. Les motivations des participants sont variées : certains dénoncent la bétonisation excessive des villes, d'autres cherchent à promouvoir la biodiversité ou à créer des liens sociaux via des potagers communautaires.

Pour la régénération urbaine

La guérilla jardinière invite à reconsidérer notre rapport à l'espace urbain. Il propose une redéfinition des villes comme des écosystèmes où la nature doit retrouver sa place. Les jardiniers activistes, en plantant dans les interstices des trottoirs ou en réhabilitant des friches industrielles, redéfinissent la frontière entre espace public et privé, tout en remettant en question la notion de propriété.

Certains activistes revendiquent même la  botanarchy , une contraction de « botany » et « anarchy », soulignant le caractère à la fois désordonné et créatif de ces actions. Le terme symbolise une désobéissance civile où les plantes sont des outils de revendication pour une réappropriation écologique des espaces urbains. En contraste avec les paysages bétonnés des villes, ces interventions visent à ramener la nature de manière anarchique, mais toujours bénéfique.

A la portée de tous et toutes

Des jardins privés aux espaces publics, il n’y a qu’un pas pour que la nature reprenne ses droits. Un des succès du Guerrilla Gardening réside dans sa dimension collective et inclusive. Tout le monde peut y participer, et les groupes se forment souvent de manière spontanée, qu'il s'agisse de voisins, d'amis ou même d'inconnus. Cette dimension communautaire permet de recréer du lien social dans des environnements urbains souvent marqués par l'isolement. En outre, cette initiative contribue à sensibiliser aux enjeux environnementaux en valorisant les savoirs liés au jardinage.

En semant des fleurs dans les rues, les guérilleros jardiniers montrent que l'anarchie peut être constructive et esthétique. Face aux défis environnementaux croissants, ce type d'initiatives citoyennes offre une alternative aux réponses institutionnelles souvent jugées trop lentes et ces actions locales en faveur d'une ville plus verte et durable pourraient bien devenir une clé pour des espaces urbains plus vivables.

En attendant, ces jardiniers engagés continuent leur mission : semer des graines d'espoir au cœur du béton, rêvant d'un monde où la nature reprendra un jour ses droits, une fleur à la fois.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Neslihan Gunaydin/Unsplash

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