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Les bons rituels : les scoubidous

Publié le 29 mai 2024 à 10h00

Annie Ernaux écrit dans son livre Les Années (Gallimard, collection Folio, page 81) : « Il y avait le nouveau franc, le scoubidou, les yaourts aromatisés, le lait en berlingot et le transistor ».

Rond ou carré, à trois, quatre ou cinq fils, le scoubidou a marqué son époque et revient aujourd’hui. Cet objet inutile par essence a finalement plus de vertus qu’à première vue.

L’histoire commence dans les années 50 avec un balai. Les enfants jouaient alors avec les poils des modèles en Rilsan (une sorte de nylon), ils les tressaient pour façonner des petits objets de toutes les couleurs. Le mot scoubidou viendrait de l’occitan “escoba” qui veut justement dire balais. 

Selon une autre hypothèse, le scoubidou tirerait ses origines des marins qui faisaient des tresses à leurs cordages pour éviter que les bouts ne s'effilochent. Ils les nouaient pour avoir une forme ronde à l’intérieur desquelles ils mettaient du plomb, et obtenaient ainsi un lance-amarres. Cette technique fut ensuite copiée pour nos scoubidous adorés.


Si personne n’est identifié comme l’inventeur du scoubidou, c’est Sacha Distel qui propage cet étrange mot en chantant sur toutes les radios Des pommes, des poires et des scoubidous. La mode s’emballe et on se rue dans les quincailleries pour acheter les gaines de plastique servant initialement à protéger les fils électriques. Ainsi commença la folie pour ce boudin à section carrée qui se termine par une boucle. 

Les reliques d’une époque 

Symboles d’une époque, les scoubidous ont un fort potentiel évocateur, qui n’a pas échappé à l’écrivain Georges Perec. Dans son ouvrage Je me souviens (Hachette, 1978), il relate 480 souvenirs de la vie quotidienne, évidemment le scoubidou est présent :

« Je me souviens du jour où le Japon capitula.
Je me souviens des scoubidous.
Je me souviens que j’avais commencé une collection de boîtes d’allumettes et de paquets de cigarettes. »

Une autre temporalité


Si les scoubidous ramènent à un autre temps, projettent en enfance, ils invitent aussi les petits comme les grands à goûter à un temps long, loin des écrans. Le scoubidou est une activité de vacances sans fin, de dimanches sans obligations, qui exige un minimum de concentration.


Un vrai cadeau

Le scoubidous est purement décoratif, par essence complètement inutile. Pour autant, il ne cède pas aux sirènes du capitalisme : le scoubidou ne s’achète pas. Celui qui l’offre a nécessairement passé du temps à le nouer, à choisir les couleurs, à tirer sur les fils. Sa présence est alors palpable quand on entend ses clés tinter contre lui ou que l’on sent sa drôle de texture dans le fond de sa poche.

Une passion qui s’invite sur les meubles 

Les meubles n’échappent pas à cette “scoubidou-mania”, les assises en fils tressés fleurissent à nouveau dans les jardins. Le scoubidou tend un fil entre le mauvais et le bon goût, comme l’explique Laurent Laporte sur son compte Instagram Whereisthecool?. S’ils frôlent le kitsch, les modèles vintage sont recherchés pour amener une note colorée dans les jardins, ils se chinent par dizaine sur leboncoin. Les jeunes créateurs le travaillent également, Julie Lansom façonne, par exemple, des lampes avec ses fils.

Alors comme on l’entend encore résonner dans le dessin animé éponyme : scooby-dooby doo !





Auteur : Chloé A

Crédit Photo :

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