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Comment (bien) enseigner l’écologie à l’école ?
Publié le 27 novembre 2023 à 23h00
L’éducation au développement durable telle que pratiquée actuellement est-elle suffisante ? Alors que certaines voies s’élèvent pour faire de l’environnement une « matière transversale », revenons sur la place de l’écologie dans les salles de classe.
Mathématiques à 8h, français à 9h et… écologie à 10h ? Et si l’écologie devenait une matière à part entière, enseignée à l’école ? C’est l’un des (nombreux) arguments avancés pour perfectionner l’enseignement de l’écologie dans le cursus scolaire. Car si depuis 2019 et la « Feuille de route de la France pour l’Agenda 2030 » l’environnement a pris une plus grande place dans les salles de classe, le chemin à parcourir est encore long. Décryptage.
Une feuille de route et un enseignement transversal
Comment enseigne-t-on, actuellement, les questions environnementales à l’école ? Dans quelles matières en débat-t-on ? À quel âge et niveau d’étude ? Si vous n’avez pas d’enfants, la question ne vous a peut-être pas traversé l’esprit.
Pourtant, l’éducation au développement durable (EDD) fait partie intégrante des programmes éducatifs depuis 2019 et l’adoption par l’ONU et 193 pays membres de la feuille de route de l’Agenda 2030 – un ensemble d’engagements transversaux pour la protection de l’environnement.
Niveau éducatif, donc, l’EDD passe par un enseignement transversal – l’écologie est intégrée à la plupart des matières – de la primaire jusqu’au lycée. Des « contenus relatifs au développement durable, au changement climatique et à la biodiversité » sont enseignés de diverses manières. Par exemple, pour les élèves des cycles 3 et 4, soit du CM1 à la 3e, cela passe par « la contextualisation de notions mathématiques ou de physique-chimie » grâce à des projets tournés autour de l’environnement. Au lycée, le programme d’histoire-géographie consacre un thème complet à l’écologie : « Sociétés et environnements : des équilibres fragiles », qui invite les professeurs à travailler sur l’impact de la densité de population sur la biodiversité des espaces.
Un enseignement transversal, donc, qui intègre par ailleurs des projets pratiques ou des opérations de sensibilisation. Ceux-ci sont notamment portés par les éco-délégués, obligatoires depuis 2019. Objectif : que l’ensemble des écoles et élèves tissent des liens pratiques et théoriques avec le développement durable.
Une matière à part entière ?
Est-ce suffisant ? Difficile d’apporter une réponse ferme, mais le ministère de l’Éducation nationale lui-même semble penser que ce n’est pas le cas : le 23 juin 2023, vingt nouvelles mesures ont été présentées pour améliorer et booster l’éducation au développement durable. Parmi celles-ci, on peut citer l’intégration des enjeux de la transition écologique aux enseignements technologiques et moral et civique à la rentrée 2024, mais aussi la « multiplication par 10 » des services civiques dans le domaine de l’environnement d’ici 2030. Entre autres.
Pour certaines associations toutefois, cela n’est pas suffisant. L’association de sensibilisation à l’écologie Water Family milite ainsi pour que l’écologie devienne une matière principale et à part entière dans les salles de classe. Dans un manifeste, l’association souligne que « moins de 1 lycéen sur 3 dispose d’un socle de connaissances approfondi sur l’écologie et le changement climatique » et propose au corps enseignant de militer en ce sens. Un sujet encore peu débattu, mais qui a récemment fait l’objet d’une étude au sein de l’université de Bath, en Angleterre.
Professeur de technologie à La Rochelle, François Bernard s’est fait connaître pour avoir emmené ses élèves de 3e à Svalbard, à proximité du Pôle Nord, pour permettre à ses élèves d’étudier le changement climatique. Il en a tiré un livre, Demain, c’est nous (Faubourg, 2023), qui se présente comme un plaidoyer pour une nouvelle éducation aux changements climatiques. Il propose de créer un « service à la Terre », potentiellement obligatoire, qui durerait six mois après le lycée et permettrait d’appréhender très concrètement les enjeux écologiques. Un nouveau service militaire, mais porté sur la compréhension des écosystèmes.
Des idées qui donnent du grain à moudre - mais qui, admettons-le, ont encore peu d’espace dans le débat public.
Auteur : Benjamin B
Crédit Photo : Fatcamera/iStock