# Fêtes 2024

La folle histoire de… Paddington

Publié le 3 janvier 2025 à 10h18

Image tirée du prochain opus "Paddington au Pérou"
Image tirée du prochain opus "Paddington au Pérou"

Retour sur les origines de cet ourson gourmand et attachant, véritable phénomène littéraire et cinématographique dont l’histoire est intimement liée à Noël.

Reconnaissable entre tous, il est une icône de la littérature jeunesse et désormais du grand écran. Vêtu d’un duffle coat, d’un chapeau de pluie rouge et portant une valise en toutes circonstances, Paddington captive depuis plus de six décennies l'imagination des enfants et des adultes avec ses folles histoires. Mais derrière le succès de ce personnage aujourd’hui adoré se cache une histoire méconnue. 

L’ours oublié qui devint une icône littéraire

Direction la Grande-Bretagne. En 1956, dans les allées animées du grand magasin Selfridges à Londres, un ours en peluche abandonné sur une étagère attire l’attention d’un certain Michael Bond, alors caméraman à la BBC. À la recherche d’un cadeau de Noël pour sa femme, il se retrouve attendri par cet objet laissé dans ce rayon vide, et décide de lui offrir une nouvelle maison. Il est alors loin de se douter que ce geste anodin allait se transformer en une vaste aventure littéraire.

Car l’image de ce nounours seul le hante, impossible de s’en défaire. Il en vient ainsi à imaginer l’histoire qui a amené le petit quadrupède sur cette étagère. En l'espace de dix jours, Bond attrape un carnet et transforme ses rêveries en manuscrit, celui d’Un ours nommé Paddington. Publié le 13 octobre 1958, le livre devient rapidement un succès, ravissant les lecteurs par son mélange d'humour, de charme et de thèmes universels. C'est le début d'un héritage qui s'étendra sur plus de 150 histoires, de multiples adaptations et une reconnaissance mondiale.

Un ours au passé de réfugié

Derrière les tribulations fantaisistes de Paddington se cache une réalité poignante. Né en 1926, Bond grandit à Reading, en Angleterre, où il est le témoin des ravages de la guerre. L'un de ses souvenirs les plus marquants ? Celui des enfants évacués de Londres vers la campagne pour échapper au Blitz, la campagne de bombardements stratégiques menée par l'aviation allemande, expliquait-il dans un entretien à la BBC accordé peu de temps avant sa mort. Voyageant souvent avec rien de plus qu'une petite valise et une étiquette autour du cou, ces enfants étaient confiés à des étrangers qui leur offraient abri et sécurité.
Cette image est devenue un élément central de l'histoire de notre protagoniste. L'arrivée de l'ourson à la gare de Paddington, avec sa valise et une étiquette indiquant « Prenez soin de cet ours. Merci. » n’est pas sans rappeler la situation critique des petits évacués. Bond s'est également inspiré des enfants réfugiés juifs qui sont arrivés en Grande-Bretagne grâce au programme Kindertransport, fuyant les persécutions dans l'Europe occupée par les nazis. C’est ainsi que Paddington (l’ours, cette fois) est devenu, à bien des égards, un symbole de résilience, de survie et de bienveillance envers les étrangers.

Du Pérou à Londres

Figure emblématique de la culture so british, on oublie souvent que ce boute-en-train vient en réalité « des tréfonds du Pérou », où il a été élevé par sa tante Lucy après la mort prématurée de ses parents. Lorsque celle-ci déménage dans un foyer pour ours retraités, elle envoie son neveu à Londres à la recherche d'une vie meilleure. Il s'embarque clandestinement sur un bateau, où il se nourrit de marmelade avant d’échouer à la gare de Paddington (dont il héritera du nom). Là, il est recueilli par la famille Brown.

Henry, Mary et leurs enfants Jonathan et Judy, deviennent la famille adoptive de Paddington. La vie à Londres offre à l’ourson d'innombrables occasions de vivre des (més)aventures pleines de rebondissements. Il explore les marchés de Portobello Road, partage des déjeuners avec son ami M. Gruber et exaspère souvent involontairement la gouvernante des Brown, Mme Bird, et leur voisin, M. Curry. Ses tribulations, pleines de malentendus et de chaos comique, mettent en évidence son optimisme inébranlable, ses manières impeccables et son talent certain pour se mettre dans le pétrin.

Une histoire de résilience et d’espoir

Paddington est ainsi un symbole de bienveillance et de politesse. Son duffle-coat bleu, sa valise cabossée et sa passion pour les sandwichs à la marmelade sont devenus mythiques. Mais ce qui le distingue surtout, c’est sa courtoisie inébranlable. Quoi qu’il arrive, il aborde tout le monde avec respect et reconnaissance.

Michael Bond, décédé en 2017, considérait Paddington comme l’incarnation du meilleur de l’humanité : la gentillesse, l’optimisme et la résilience face à l’adversité. Il voyait en lui une invitation à embrasser l’inconnu avec chaleur et empathie. Cette philosophie transparaît dans chaque page des aventures de l’ourson.

En plus de soixante ans, Paddington est devenu une star mais aussi un véritable diplomate – habilité à prendre le thé avec feu sa Majesté la Reine Elizabeth II ! Sa statue à la gare éponyme, à Londres, et celle de Lima, au Pérou, témoignent de l’impact mondial de ce personnage, tout comme le fait qu’une peluche à son effigie fut même choisie comme premier objet à traverser le tunnel sous la Manche.
Ses aventures, traduites en plus de quarante langues et adaptées en séries puis en films, ont touché des millions de lecteurs et de spectateurs. Le troisième volet de ses aventures sortira en février sur les écrans et se déroulera cette fois sur la terre de ses ancêtres. Alors que Noël approche, souvenons-nous que les plus beaux cadeaux sont parfois les plus inattendus. Comme les Brown l’ont découvert, un peu de gentillesse et de marmelade peut changer le cours d’une vie. Avec Paddington, tout devient possible.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Studiocanal

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