# Économie
Transformer nos eaux usées en eaux potables
Publié le 10 janvier 2024 à 23h00
En Vendée, une « unité d’affinage » va être testée durant un an. Objectif à terme : utiliser l’eau des égouts pour la transformer en eau potable dans toute la région.
Répondre aux besoins en eau sera, avec le changement climatique, l’un des grands défis de notre siècle. Aux Sables d’Olonne, une nouvelle usine expérimentale a pour mission de permettre à 70 000 personnes de se fournir en eau potable d’ici 2027. Explications.
Un dispositif unique en France
Cette usine, inaugurée en novembre, est une première en France et en Europe. Financée à hauteur de 24 millions d’euros, dont la moitié par diverses subventions publiques, elle aura pour objectif de rendre potable près de 600 m3 d’eau usée par heure à l’horizon 2027. L’équivalent des besoins en eau de 60 000 à 70 000 personnes !
Intitulé « Programme Jourdain » par Veolia, à la manœuvre aux côtés de « Vendée Eau », ce projet est rendu unique par le fonctionnement de l’usine de traitement et le cycle que va suivre l’eau. L’unité d’affinage du programme crée une boucle de revalorisation qui fait subir aux eaux un programme de traitement en cinq étapes afin d’éliminer les plus de 200 molécules potentiellement problématiques et non tolérées par les normes françaises et européennes en matière d’eau potable.
Durant un an, l’eau brute sera rejetée dans l’océan pour être analysée et traitée. Une fois cette première étape de test réussie, elle sera acheminée vers une station de potabilisation et traversera ensuite une zone de transition végétale pour être enrichie en minéraux. C’est en 2027 et après de nombreuses analyses et ajustements probables que les habitants de la région pourront profiter de cette eau « potabilisée » grâce à ces équipements derniers cris.
Prévenir les pénuries d’eau
En France, à peine 1 % des eaux usées sont valorisées affirme le cabinet du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu à 20 Minutes. C’est évidemment très peu, mais le problème n’est pas que Français, il est Européen. On valorise seulement 8 % en Italie ou 14 % en Espagne, contre des pourcentages avoisinant les 90 % en Israël.
Développer des technologies de réutilisation des eaux est donc une nécessité, alors que le stress hydrique causé par le réchauffement climatique est déjà largement documenté et touche près d’un quart des habitants de la planète. En parallèle d’initiatives locales comme le programme Jourdain, l’État a donc lancé en avril dernier le « Plan eau », qui comporte une cinquantaine de mesures pour répondre aux enjeux de sobriété et de disponibilité de cette ressource. Certaines d’entre elles concernent d’ailleurs la réutilisation des eaux usées : depuis le 14 décembre, il est ainsi possible d’arroser les cultures agricoles et espaces verts avec de l’eau traitée en station d’épuration.
Un bouquet d’innovations et de mesures qui devraient permettre à la France et à l’Europe de devenir plus résilientes sur la question de l’eau dans les années à venir.
Auteur : Benjamin B
Crédit Photo : MikeLaptev/iStock