# Économie
Thalassothermie : comment l’eau de la mer peut réchauffer nos intérieurs
Publié le 22 juin 2023 à 22h00
Entrer dans sa douche, faire couler l’eau chaude et se sentir bien : simple comme bonjour, n’est-ce pas ? Pourtant, pour obtenir cette eau chaude, il faut utiliser une chaudière souvent alimentée par des énergies fossiles. Alors pour limiter l’impact énergétique de l’eau sanitaire, certaines villes côtières misent sur la thalassothermie.
Monaco a été précurseur dans la thalassothermie, l’utilisation des calories de la mer pour chauffer l’eau sanitaire. C’est en 1960 que Le Rocher a lancé cette technique permettant aux Monégasques d’acquérir un savoir-faire que les Français essaient aujourd’hui de reproduire. Alors que la chaudière au gaz, très consommatrice en énergie, est toujours le moyen de chauffage de l’eau dominant en France, comment l’eau de mer va-t-elle nous permettre de faire des économies ? Explications.
Comment chauffer l’eau ?
Aujourd’hui, pour l’eau de la douche ou celle des chauffages, il faut impérativement une chaudière, qu'elle soit à gaz, au fioul, au bois ou électrique. Le principe est toujours le même : la source de chaleur va venir chauffer l’eau, comme lorsque nous faisons chauffer l’eau des pâtes. Pour les chaudières à gaz et au fioul, l’énergie fossile va être brûlée pour générer de la chaleur. Pour les chaudières électriques, une résistance va venir chauffer l’eau. La vapeur émise sera évacuée, sauf pour les chaudières à condensation puisqu’elle va être revalorisée en chauffant l’eau revenant des radiateurs.
Il existe donc différents types de chaudières. Cependant, celle à gaz reste la plus répandue en France et c’est un problème : elle est très gourmande en énergie et peut éventuellement causer des accidents. Le gouvernement prévoit d’ailleurs une réduction drastique des chaudières à gaz en France, dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Quant à la chaudière au fioul, elle est aussi très polluante puisque l’équipement au fioul émet 324 g de CO2 par kWH.
Quand utiliser de l’eau chaude devient un casse-tête écologique, il faut réfléchir à une alternative : la thalassothermie est l’une des options envisagées. Avec ses 18 000 km de côtes, la France a de quoi développer cette technique qui pourra réduire l’utilisation des énergies fossiles et lutter contre le réchauffement climatique. Cette technique naturelle et sans effets sur l’environnement est peut-être le futur du chauffage et de la climatisation !
La thalasso quoi ?
La Terre n’est pas appelée la planète bleue pour rien. Si 72 % de la planète est recouverte d’eau, 97,2 % de cette eau est salée et c’est celle-ci qui est intéressante pour la thalassothermie. L’eau de la mer, ou de l’océan, est en effet naturellement chauffée par le soleil. Pour la thalassothermie, celle-ci va être captée entre cinq et dix mètres de profondeur avant d’être amenée vers un échangeur thermique et c’est là que la magie va opérer. En effet, l’eau chaude salée va, au contact d’une paroi qui la sépare de l’eau douce tempérée, venir réchauffer cette dernière. L’eau sanitaire fraîchement chaude est envoyée vers des pompes à chaleur électriques qui vont ensuite réchauffer l’eau pour qu’elle soit utilisée par la population locale. Mais qu’advient-il de l’eau de mer ? Elle effectue une boucle : l’eau utilisée pour chauffer est renvoyée dans l’océan une fois utilisée. Un cycle vertueux puisque l’eau salée n’est pas traitée.
L’avenir en bleu
Une option plus verte, voire bleue, que certaines villes côtières ont adoptée : c’est le cas de Marseille, Cannes ou encore Boulogne-sur-mer. À Marseille, la thalassothermie sert à alimenter l’écoquartier de « Smartseille » à 1,5 km de la centrale et aidera bientôt un deuxième écoquartier, celui de « La Fabrique » qui est en construction. À Boulogne-sur-Mer, elle est utilisée pour approvisionner les entrepôts de l’entreprise Norfrigo et à Cannes elle est en construction pour la plupart des bâtiments de la Croisette.
Contrairement à Monaco, en France, il y a beaucoup d’espaces éloignés de l’océan ou de la mer. Ce qui était une technique permettant de s’affranchir du fioul pour la consommation personnelle des habitants sur le Rocher n’est pas applicable à la totalité du territoire français mais reste une alternative viable pour de nombreuses villes du littoral.
Autrice : Flavie R
Crédit Photo : StockByM