# Économie

Le ticket de caisse numérique est-il vraiment écologique ?

Publié le 23 mai 2023 à 22h00

Ticket de caisse sortant d'un porte monnaie
Ticket de caisse sortant d'un porte monnaie

La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit la disparition du ticket de caisse. Cet objet du quotidien pourtant très prisé est un pollueur qui va être remplacé par le numérique. Toutefois, cette transition dite écologique l’est-elle vraiment ?

Même s’ils sont une preuve d’achat, qu’ils servent en cas d’échange ou pour la garantie, qui n’a jamais jeté son ticket de caisse en sortant du magasin ? Un geste que 38 % des Français ont déjà fait alors que le ticket est un objet très polluant pour la planète. C’est pourquoi en 2020, une loi est votée permettant de limiter les émissions de tickets de caisse. La mise en application devait se faire au 1er janvier 2023 avant d’être repoussée au 1er avril puis au 1er juillet en raison de l’inflation.

La folle histoire des tickets de caisse

À l’échelle de l’humanité, le ticket de caisse aura eu une vie assez courte. En effet, même si les transactions commerciales sont notées pour preuve depuis la naissance du commerce, il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que le ticket de caisse fasse son entrée dans le quotidien de monsieur et madame tout le monde. C’est James Ritty, propriétaire d’un saloon dans l’Ohio, qui en est presque à l’origine. Sentant bien que ses employés n’étaient pas toujours honnêtes dans leurs comptes, il invente la première « Caisse incorruptible de Ritty » basée sur le même principe qu’un mécanisme comptant les tours d’hélices d’un bateau, sa caisse additionnait les transactions. Jacob H. Ecket flaire la bonne affaire et rachète le brevet de la caisse incorruptible de Ritty en 1881 pour y ajouter un tiroir et une sonnette. Toutefois, il faudra attendre encore trois ans avant que John Henry Patterson ne rachète la société de Jacob H. Ecket et introduise le ticket de caisse. Depuis, les machines se sont améliorées et le ticket de caisse a fait son chemin dans le quotidien des habitants du monde. Une petite centaine d’années après son apparition, il est en voie d’extinction en France suite à la loi du 10 février 2020.

Vraiment moins polluant ?

Avant d’en voir la fin, rappelons que la loi ne décrète pas la disparition pure et simple du ticket de caisse, elle prévoit une diminution de son émission soit en l’envoyant par voie électronique, soit en ne le demandant tout simplement pas. Si le client souhaite avoir son reçu physique, il peut le demander et l’enseigne est obligée de le lui fournir. Mais si les marques se mettent au numérique en respectant les données privées de leurs clients, est-ce finalement plus écologique d’envoyer par mail le fameux sésame que de le délivrer par papier ? 

Frédéric Bordage, fondateur de Greent IT, un collectif d'experts sur les questions de la sobriété numérique et du numérique responsable, rappelle au micro d’Europe 1 qu’un ticket de caisse dématérialisé émet cinq grammes de gaz à effet de serre et consomme trois centilitres d’eau tandis qu’un ticket papier émet deux grammes de gaz à effet de serre et consomme cinq centilitres d’eau. En somme, l’impact écologique des deux dispositifs est presque le même. Alors comment faire ? Pour les tickets physiques, comme pour les tickets numériques, le meilleur moyen de réduire son empreinte écologique est de ne pas le demander quand il n’est pas nécessaire. S’il l’est, alors le jeter dans la poubelle de recyclage et supprimer le mail une fois que le besoin d’avoir le ticket est expiré est une alternative qui permet de réduire son impact.

« Comment voulez-vous recevoir votre ticket ? »

Alors comment faire pour garder une trace de ses achats ? De plus en plus de marques ont déjà pris le pli en proposant le ticket par mail ou SMS ou même en proposant de le retrouver directement sur le compte fidélité ou l’application de la marque ce qui permet de garder une trace des achats pour un remboursement, un échange ou même une garantie. Toutefois reste la question des données privées. En effet, à l’ère du numérique, de nombreux scandales comme celui de Cambridge Analytica ont révélé que ces informations étaient précieuses pour l’utilisateur mais surtout pour les marques. Ainsi, pour garantir leur bonne foi aux clients, les enseignes doivent, selon la loi de 1978 et la RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) qui encadre également le commerce, montrer patte blanche et être le plus transparent possible avec leur clientèle afin de garder leur confiance et d’entamer une meilleure transition vers le numérique et l’écologie.

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : Charlie AJA

Partager