Véritable évènement de la rentrée, la Braderie de Lille attire près de 2,5 millions de chineurs et 8 000 exposants chaque année. Parmi les traditions phares de ce rendez-vous incontournable, on retrouve la dégustation d’une bonne moules-frites. D’ailleurs, il n’est pas rare de passer devant des restaurants devant lesquels s’entassent des monticules de coquilles vide, symbole de convivialité ! Mais derrière cette tradition se cache désormais une démarche innovante de recyclage et de revalorisation des coquilles de moules.

Le plat des chineurs !

Les moules-frites sont aujourd'hui indissociables de la Braderie de Lille. Pourtant, ce mets emblématique n’a pas toujours fait partie des festivités. La Braderie, dont les premières traces remontent au XIIe siècle, était autrefois marquée par la vente de poulets rôtis, un plat traditionnel jusqu’au XVe siècle. Une maladie frappa les volatiles et poussa les restaurateurs à se tourner vers les moules, abondantes et bon marché, rappelle le site de la Mairie de Lille. Progressivement, les moules sont devenues le plat principal, bientôt accompagnées de frites à partir du XIXe siècle, donnant naissance au célèbre combo gagnant moules-frites.

Depuis le début du XXème siècle, certains restaurateurs se lancent même un défi : constituer le plus gros tas de coquilles vides devant leur établissement. Mais que deviennent ces montagnes de coquilles après la Braderie ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces déchets ne finissent pas à la décharge. Depuis quelques années, la ville de Lille a mis en place un processus innovant de recyclage et de revalorisation de ces coquilles, en collaboration avec des entreprises locales.

Du déchet à la ressource 

Après la Braderie, les coquilles sont collectées par les services de la ville. Elles sont ensuite nettoyées, broyées et concassées avant d’être transformées en matières premières pour la fabrication d’objets divers. Wasterial, par exemple, les utilise pour produire des lattes destinées à la fabrication de bancs urbains, qui sont installés dans la ville. Les coquilles de moules ont également d’autres usages : elles peuvent être réutilisées pour la création de vasques, pots à bougie ou encore du carrelage mural. 

Cette démarche écoresponsable témoigne de la volonté croissante de réduire les déchets et de réutiliser les ressources de manière créative. Il ne s’agit plus seulement de gérer les restes d’un événement massif, mais de les transformer en véritables ressources utiles pour la société.

Le saviez-vous ?

Cet été, la coquille de moule est devenue une star internationale ! Vous séchez ? En effet, la nouvelle piste d’athlétisme violette du Stade de France, en Seine Saint Denis, conçue par l’entreprise italienne Mondo, contient des coquilles de moules pilées. Celles-ci ont été intégrées dans le revêtement de la piste pour réduire la quantité de matières pétrolifères utilisées. Le mélange de caoutchouc naturel et synthétique, combiné aux coquilles de moules, permet non seulement de renforcer la piste, mais aussi de promouvoir des pratiques durables dans l'industrie sportive.

Encore une fois, ce qui jadis aurait pu être jeté devient aujourd'hui une matière première précieuse, utilisée pour des projets aussi variés que le mobilier urbain ou les infrastructures sportives. La revalorisation des coquilles de moules offre une nouvelle perspective sur la manière de gérer les déchets tout en promouvant une économie circulaire créative, utile et respectueuse de l'environnement.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Rixipix/iStock