# Économie

Comment rendre son épargne plus écologique ? 

Publié le 6 juin 2022 à 22h00

Tableau de conversion à la Bourse
Tableau de conversion à la Bourse

Livret A, PEL ou assurance vie : ces produits financiers permettent aux Français de mettre de l’argent de côté ou de le faire fructifier. Cependant, ces ressources ne dorment pas exactement à la banque mais sont réinvesties, potentiellement dans des projets polluants. Comment s’assurer que son argent a un impact positif ? 

Selon les dernières estimations de la Banque de France, l’épargne des Français s’élèverait au total à près de 318 milliards d’euros, soit un surplus de plus de 175 milliards depuis la pandémie. Des sommes colossales, qui sont réinvesties par les banques dans divers projets. 

Malheureusement, ceux-ci ne sont pas toujours respectueux de l’environnement : projets miniers, pétroliers ou gaziers, l’impact de l’épargne sur l’environnement est une véritable problématique que commence timidement à questionner le monde de la finance. Mais comment, à son échelle, décarboner son épargne pour la rendre plus verte ? Éléments de réponse.

Une situation alarmante

La plateforme RIFT, une application qui “scanne l’impact sociétal de vos comptes courants”, estime que 2 200 € placés sur un compte en banque polluent autant qu’un aller Paris-New York et que 95% des produits financiers sont exposés au secteur de l’armement. Ce n’est pas tout : l’ONG Reclaim Finance, qui publie annuellement le rapport « Banking on Climate Chaos », a dressé un top 30 des banques qui investissent le plus dans les énergies fossiles. 

L’article 2 de l’Accord de Paris, ratifié en 2015, abordait pourtant cette problématique en appelant au désinvestissement des énergies fossiles et en demandant à « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques » dans le but de maintenir l'augmentation de la température moyenne de la planète bien en dessous de 2 °C. En 2019, l’Etat français insistait en faisant passer une loi en faveur de la transparence dans l’utilisation de l’épargne populaire. Peu contraignant, trop amendé, le texte n’a pas incité les banques à revoir leur modèle d’investissement. 

Aussi, les résultats ne sont pas encore là : le financement dans des énergies fossiles par les soixante plus grandes banques a atteint 4 600 milliards de dollars, selon ce même rapport de Reclaim Finance. « Les grandes banques françaises ont augmenté chaque année leurs soutiens à l’industrie fossile depuis la COP21 », explique au Monde Lucie Pinson, directrice exécutive de l’ONG. Un constat également partagé par Oxfam.

Rendre son épargne durable

Dans ce contexte, comment reprendre le contrôle de son épargne ? Certaines banques commencent à proposer des solutions. La Banque Postale, par exemple, s’est engagée dès 2021 à arrêter de financer les énergies fossiles d’ici 2030. C’est aussi le cas du Crédit Agricole, qui a présenté une dizaine d’engagements en faveur d’investissements durables.

Il existe également des solutions d’épargne plus équitables comme le Livret de Développement Durable Solidaire (LDDS) qui est accessible à tous les contribuables. Avec un taux de 1%, il ressemble en tous points au Livret A sauf qu’il permet de placer son argent et de contribuer au financement des travaux d’économies d’énergie dans les logements. 

Il existe plusieurs niveaux d’action sur le plan individuel. Par exemple, on peut opter pour une banque coopérative comme La Nef ou le Crédit Coopératif, qui s’engagent à plus de transparence et surtout à réinvestir les économies de leurs sociétaires exclusivement dans des projets écologiques, sociaux et culturels. L’ONG Amis de la Terre a par ailleurs mis en place un dispositif « Finance Responsable » pour interpeller sa banque. L’idée est simple : écrire au directeur de sa banque pour signaler son mécontentement quant à l’utilisation faite de son épargne et menacer de changer de banque s’ils n’agissent pas. 

Un outil comme RIFT permet d’avoir une vision précise des sommes investies par sa banque sur des projets donnés. Présentée comme un Yuka de la finance - du nom de l’application de vérification des produits alimentaires - RIFT indique quels sont les secteurs financés par son épargne et propose même une section “Agir” dans son application. Une plateforme comme Goodvest permettra à l’épargnant d’investir dans des projets plus responsables et respectueux de l’environnement. Si la route pour une épargne totalement verte est encore longue, l’idée d’une épargne plus verte semble faire son chemin, au sein des organismes bancaires, mais aussi et surtout chez les épargnants. Reprendre le contrôle de son épargne, la rendre plus verte et durable : l’objectif à atteindre n’est pas si éloigné. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Creative Commons

Partager