« Viens jouer avec nous Danny ! À jamais… à jamais… » : Vous l’avez ? Cette réplique culte du film Shining de Stanley Kubrick a marqué les esprits des amateurs. Pour les autres, elle n’évoque absolument rien. Car à l’approche d’Halloween, la population se divise en deux catégories : ceux qui aiment se faire (vraiment) peur et ceux qui se contentent de grignoter des bonbons sous un plaid. Deux espèces qui n’arrivent pas à se comprendre - mais que la science arrive à réconcilier. Les films d’horreur peuvent nous faire du bien et on vous explique pourquoi. 

La peur pour se rassurer

Regarder un film d’horreur fait appel à deux réponses cérébrales. La première réponse, nommée « combat-fuite », est notamment assimilée à l’augmentation du rythme cardiaque et au fait de se cacher les yeux, ou même le corps entier, face à une scène qui apparaît comme effrayante. Toutefois, lorsque nous regardons un film, nous savons que ce qui se déroule devant nos yeux n’est que fiction. Alors, lorsque le générique apparaît et que les lumières se rallument, la deuxième réponse fait surface pour calmer les angoisses créées par le film. La pression redescend et un sentiment de soulagement nous envahit, c’est la phase de « repos et digestion ».

Ce sont ces sensations qui sont très prisées des amateurs des films d’horreur. En effet, le psychiatre Zlatin Ivanov affirme dans une interview que lors de la réponse « repos et digestion », la dopamine, sécrétée par le cerveau, est à l’origine d’une sensation de bien-être puisqu’elle active le circuit de la récompense. D’autres scientifiques affirment par ailleurs que visionner des films d’horreur permettrait aux adeptes d’apprendre à maîtriser leurs peurs et émotions. Qu’il s’agisse d’un thriller, d’un slasher ou d’un film sanguinolent, les spectateurs observent les situations auxquelles font face les protagonistes, s’identifient pour mieux appréhender puis relativisent sur leur propre état. Le sociologue Luc Boltanski, cité dans un mémoire de l’ECA Paris, explique ainsi qu’avoir « sous les yeux la triste preuve de l’extrême fragilité de l’existence rend soudain exaltant le sentiment d’être (encore) en vie ». 

L’effroi pour lutter contre l’anxiété

Pour stimuler nos réflexes ou pour nous rassurer, les films d’horreur peuvent donc avoir un effet bénéfique sur notre cerveau. Ils peuvent également aider à réduire l’anxiété. Lorsque nous regardons un film qui nous met dans une position d’inconfort et de peur, toutes nos angoisses et inquiétudes sont transférées sur le protagoniste, oubliant presque le monde réel. Une fois la séance terminée, la fameuse phase « repos et digestion » arrive et tout ce qui nous préoccupait et nous angoissait s’en va, aidant ainsi à anticiper l’angoisse.

Une étude réalisée lors de la pandémie démontre que les amateurs et amatrices de films d’horreur se portaient psychologiquement mieux que les personnes qui n’apprécient pas le genre. S’il faut prendre cette démonstration avec du recul puisqu’elle n’est le reflet que d’une période très courte, elle peut cependant être à rapprocher de l’aspect anticipatif que les films procurent chez les spectateurs.

Même s’ils font peur, et qu’il faut parfois prendre son courage à deux mains avant de les lancer, les films d’horreurs sont bénéfiques pour notre santé. Pour Glenn Sparks, professeur de communication à l’université de Purdue, ils sont même la version moderne des rites initiatiques tribaux d’apprentissage de la menace. Alors il ne vous reste plus qu’à trouver le film d’horreur parfait qui vous fera frissonner le soir d’Halloween !

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : demaerre/iStock