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Lieux culturels du spectacle : quand la transition énergétique entre en scène
Publié le 6 avril 2023 à 22h00
Comment réduire la facture énergétique des bâtiments culturels français ? Opéra, musées ou théâtres entament leur mue écologique, avec de grandes ambitions et beaucoup de challenges.
Comment les salles de concert, de théâtre ou même de cinéma de France s’investissent-elles dans la transition énergétique ? De la rénovation des bâtiments à la modernisation des équipements en passant par le réemploi des costumes ou du matériel, le monde du spectacle et de la culture entame, peu à peu, sa mue écologique. Décryptage.
Un plan de sobriété pour l’Opéra national de Paris
L’équivalent d’un petit village de 8 000 habitants. C’est la consommation énergétique de l’Opéra national de Paris, qui réunit le Palais Garnier et l’Opéra Bastille. Le tout, pour une surface totale de plus de 185 000 m2 avec plus de 400 levers de rideaux annuels et un nombre de visiteurs qui se compte en centaines de milliers. Des chiffres on ne peut plus impressionnants pour deux bâtiments qui représentent la finesse culturelle française - mais aussi son incroyable consommation d’énergie.
Comment réduire la facture énergétique d’un tel dispositif ? Contacté, l’Opéra national explique qu’en 2022, un plan d’actions pluriannuel de développement durable a été lancé. Celui-ci passe par de nombreuses améliorations des équipements : nouvelles plages horaires des éclairages, consignes de températures et de réduction du chauffage, installations d’ampoules LED - qui équipent désormais la majorité des bâtiments culturels de la capitale -, projecteurs de nouvelles générations, etc.
Si certaines de ces améliorations avaient été amorcées en amont de ce plan, d’autres devraient intervenir dans les années à venir, comme la rénovation des menuiseries extérieures. Mais pour le moment, du côté du Palais Garnier par exemple, on estime que ce dispositif a permis une réduction énergétique globale de -15,8 %. Suffisant ?
Les (trois) coûts de la rénovation
Au Palais Garnier comme dans les autres lieux culturels de spectacle de France, l’intérêt pour la transition énergétique n’est pas nouvelle. Mais c’est bien le plan de sobriété énergétique, annoncé par le gouvernement en octobre, qui a forcé tout le monde à passer un nouveau cap. Objectif : une réduction de 10 % de la consommation pour 2024.
Cet hiver, comme le raconte l’AFP, cet objectif a été l’occasion de diverses expérimentations et nouveaux projets de rénovation par les salles de spectacle. Une baisse de la température générale à 19 degrés pour réduire la facture de chauffage, remplacement des machines de traitement de l’air ou division, parfois même, des volumes de la salle.
Des investissements coûteux : le théâtre des Champs-Elysées explique ainsi à France Musique que le remplacement des éclairages par des lumières LED nécessite un investissement de 400 000 euros. Du côté des salles obscures, la nouvelle génération de projecteurs à lumière laser, consommant 4 à 7 fois moins d’électricité, coûte la modique somme de 40 000 euros par projecteur. Tandis que la façade vitrée de l’Opéra Bastille, construite dans les années 1980 et souvent considérée comme une véritable passoire énergétique, devrait coûter 4,4 millions hors taxes, explique l’Opéra national de Paris, qui lancera les travaux de rénovation de la façade à partir de 2025. En Alsace, le Théâtre National de Strasbourg, lauréat du projet France Relance pour la rénovation énergétique des bâtiments publics, va lancer des travaux d’isolation en automne prochain pour un montant de 1,3 million d’euros.
Des solutions et des envies
Partout, toutefois, la volonté d’entamer la mue écologique des bâtiments et lieux de spectacle semble être bien présente - et s’affiche de manière différente et parfois originale.
La chaîne de cinémas Utopia va par exemple ouvrir plusieurs salles dans un bâtiment 100 % écologique de la ville de Pont-Sainte-Marie, dans l’Aube. Au menu, des bâtiments en bois, de la paille isolante, des toilettes sèches ou encore des panneaux solaires. Le financement du projet, de deux millions d’euros, a été rendu possible grâce à des fonds privés et un financement participatif. Mais pour le rentabiliser, la mairie et la chaîne de cinéma espèrent attirer le public avec des prix attractifs : 7 euros la place tarif plein et 5 euros si l’on possède un abonnement, rien de plus. Des associations se forment aussi pour repenser les pratiques de l’univers du spectacle et encourager les salles à poursuivre leurs efforts écologiques. C’est par exemple le cas d’Arviva, qui rassemble différents métiers du secteur, et développe un plan d’action pour que le monde du spectacle vivant devienne un moteur de la transition écologique.
Auteur : Benjamin B
Crédit Photo : Leonid Andronov