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Le street-art, de la marge au grand public
Publié le 14 mars 2024 à 23h00
Il suffit de se promener dans les rues d’une ville pour en trouver facilement. Depuis quelques années, graffitis, pochoirs et autres styles d’art de rue prennent possession des villes. Sur un mur ou dans les couloirs d’un métro, ils apportent de la couleur dans des lieux parfois moroses. La démocratisation et professionnalisation de ce mouvement redonne même une âme à certains quartiers. Et si le street art était devenu un moyen comme un autre pour les collectivités locales de se moderniser ?
Contrairement aux idées reçues, le street art n'est pas réellement apparu au XXe siècle à New York mais plutôt durant l'Antiquité. Nées de pulsions contestataires, ces écritures semblables aux tags actuels avaient pour but d'interpeller les passants en faisant passer un message politique. Un objectif que l'on retrouve aujourd'hui dans certaines formes d'art urbain, comme les collages.
Si dans les années 1980 le ministre de la Culture, Jacques Lang, était enthousiaste à l’idée de voir les villes se parer de nouvelles couleurs, l’art urbain a longtemps été assimilé au vandalisme. Malgré tout, cette forme d’expression singulière a réussi à séduire les passants… et les pouvoirs publics.
L’appropriation de l’art urbain
À Paris, l’art urbain envahit les rues et les volets de fer des magasins. Certaines enseignes jouent même le jeu en mandatant des street artistes pour sublimer leur rideau de fer. L’enseigne Naturalia avait, par exemple, fait appel en 2016 au graffeur Marko93 pour dessiner des animaux sauvages sur quatre de ses devantures.
Mais la commande la plus folle est surement celle de la commune de Villars-Fontaines. Ce petit village bourguignon d’une centaine d'âmes a fait l’acquisition, en 2016, des anciennes carrières de Comblanchien. Après avoir acheté ce lieu abandonné, la commune le renomme La Karrière et la confie à l’association Vill’Art. Ni une, ni deux, l’association met en place le festival « Art on the Roc » qui a pour but de promouvoir la création artistique et culturelle. Ainsi, chaque année, des street artistes sont triés sur le volet pour venir décorer les murs de calcaire de l’ancienne carrière.
Vers une institutionnalisation ?
Tout comme la tour Eiffel, l’art urbain a été vivement critiqué avant d’être adopté par les Français, pour devenir une composante essentielle du paysage hexagonal. En 2013, un immeuble du 13e arrondissement de Paris est voué à la démolition. Il est alors investi par des artistes qui laissent libre cours à leur imagination et transforment le bâtiment en musée éphémère. Cette initiative introduite par la « Galerie Itinerrance » a permis de booster le street art dans le 13e arrondissement, devenu un terrain de graff très prisé par les artistes. Il suffit de se balader sur le boulevard Vincent Auriol pour observer divers projets de mosaïques et de fresques murales.
Certaines communes encouragent, elles aussi, cette expression artistique en commandant des œuvres. À l’instar de la ville de Bayonne qui, depuis 2017, pare de fresques certains de ses immeubles. D’autres communes comme Morlaix n’hésitent pas, elles aussi, à faire appel à des artistes locaux pour redonner de la couleur aux constructions.
Et de la même manière que le cinéma a les Césars et la musique a Les Victoires, le street-art a ses Golden. Depuis 10 ans maintenant, les plus belles fresques réalisées durant l’année sont récompensées par un grand concours national. Un pas de plus vers l’institutionnalisation.
Autrice : Flavie R
Crédit Photo : Javier García Blanco/iStock