# Culture & Loisirs

La folle histoire des émojis

Publié le 27 août 2024 à 08h53

Modèle jaune de visages d’emoji
Modèle jaune de visages d’emoji

À leur création, ils n’étaient que 176. 26 ans plus tard, ils sont plus de 3 000. En grandissant, ils ont su conquérir le monde numérique pour devenir un langage à part entière. Mais comment les émojis ont-ils réussi à s’installer dans notre quotidien ?

À l’origine de l’écriture, il y a le dessin. Des grottes de Lascaux aux pyramides égyptiennes, les dessins ont évolué pour devenir des hiéroglyphes. Puis l’empire romain et son alphabet ont conquis le monde, laissant peu de place à l’art graphique dans les textes. Bien sûr, les manuscrits enluminés par les moines sont des exceptions mais l’arrivée de l’imprimerie avec Gutenberg en 1450 efface définitivement les dessins au sein des tapuscrits, ces textes tapés à la machine. Chassez le naturel, il revient au galop. Le 19 septembre 1982 le premier émoticône naît dans un mail de Scott Fahlman, un chercheur en informatique, à ses collègues. Il leur propose d’utiliser le symbole « :-) » pour signifier une plaisanterie et « :-( » pour indiquer un sujet plus sérieux. C’est le grand retour du graphisme mais surtout le point de départ d’une nouvelle façon de communiquer.

Emoticônes ou emojis ?

Si l’inventeur de l’émoticône a surement été inspiré par Harvey Ball, l'inventeur du fameux smiley, ce visage jaune avec un sourire niais, n’est pour autant pas le père des émojis. Étonnant ? Pas vraiment puisqu’il existe une distinction bien précise entre les émoticônes et les émojis. En effet, les émoticônes représentent des expressions faciales quand les émojis désignent les émoticônes et les autres symboles à l’instar des fruits ou symboles météorologiques. De plus, les émojis font leur réelle apparition 15 ans après leurs cousins en 1997. S’il ne se considère pas comme étant le créateur, Shigetaka Kurita est pourtant l’homme derrière la démocratisation des petits symboles numériques. Travaillant chez un opérateur mobile, il est missionné pour créer des caractères qui permettent aux utilisateurs de transmettre des émotions pour rendre les communications moins moroses. C’est ainsi que naît le premier lot d’émojis qui contient 176 symboles.

Parapluie, cœur, personnage étonné, double point d’exclamation… pour réaliser ce premier set, le Japonais s’inspire de la culture nippone, notamment du manga. Les utilisateurs ne sont plus cadrés par les quelques caractères disponibles sur leur clavier, un nouveau monde s’ouvre à eux et révolutionne la communication. Au fil des années et de l’évolution technologique, les émojis évoluent, passent en couleur et le catalogue s’agrandit grâce à la création du Consortium Unicode, une organisation privée à but non lucratif qui régit l’Unicode, un standard informatique permettant d’échanger des textes dans différentes langues. Chaque année, quelques nouveaux symboles numériques font leur entrée après une phase de test d’un an minimum.

Une partie intégrante de la culture populaire

Leur simplicité d’utilisation leur a permis d’être adopté par le plus grand nombre puisqu’aujourd’hui, 92 % de la population s’en sert. Sur un clavier à part, ils deviennent un second alphabet, un second langage dont la signification des caractères évolue en fonction des époques et des sociétés. C’est le cas par exemple de l’émoji qui pleure de rire. Il exprime pour beaucoup le summum du rire mais pour les millenials, cet émoji est plutôt ringard. Ils préféreront utiliser la tête de mort – en signifiant qu’ils sont morts de rire – ou encore l’émoji qui pleure des torrents de larmes.

Mais la force des émojis, dans un monde où le numérique règne, est de rallier des personnes du monde entier derrière une même cause. Un phénomène observé par exemple avec le poing levé noir utilisé en soutien au mouvement #BlackLivesMatter ou encore l’association des émojis riz et lapin en Chine lors du mouvement #MeToo.

Les émojis ont donc su conquérir le monde numérique et populaire. Ils ont eu le droit à leurs produits dérivés, leur film, Le Monde secret des émojis, et même à la consécration : une entrée dans la collection permanente du prestigieux Museum of Modern Art. Partie quasi intégrante de notre quotidien, les émojis sont maintenant des incontournables de la culture digitale.

Autrice : Flavie R

Crédit photo : Iefym Turkin

Partager