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« Gig Tripping » : la tendance du tourisme musical

Publié le 10 juin 2024 à 10h01

Silhouette d’une femme lors d’un concert
Silhouette d’une femme lors d’un concert

Voyager en utilisant un concert comme prétexte n’est pas nouveau. Néanmoins, dans un contexte de prise de conscience écologique, que penser de cette pratique et surtout quelles astuces mettre en place pour continuer sans exploser son empreinte carbone ?

Ça ne vous a peut-être pas échappé mais lorsque l’artiste américaine Taylor Swift s’est produite en France au début du mois de mai, nombreux de ses compatriotes se sont déplacés avec elle. La raison ? Cela revenait moins cher de venir en Europe que de la voir aux États-Unis, et ce malgré un nombre de concerts incalculable prévus à domicile. 

Évidemment, cela pose des questions. Cette pratique pénalise-t-elle les fans européens qui ont moins d’occasions de voir la star de se produire sur scène ? À quel moment une place de concert peut-elle coûter plus de 1000 dollars en moyenne ? Et à quel point se moque-t-on de la planète pour faire un aller-retour de l’autre côté de l’Atlantique pour voir un concert en jet lag complet ? Si le concert de Taylor Swift a été l’occasion de reparler de ces problématiques, la pratique est pourtant assez courante. Le fan est, par définition, prêt à se déplacer pour voir son idole - souvent quoiqu’il en coûte. Cela a un nom : le « gig tripping », « gig » pour concert, « tripping » pour voyager, qu’on pourrait traduire en Français par “tourisme musical”. Le très sérieux Condé Nast Traveller l’avait cité parmi ses prédictions « Tendances de tourisme 2024 » à l’aube du fameux Eras Tour

Sur les traces de ses idoles

Quand on aime, on ne compte pas. Pour le fan de musique live, c’est une maxime incontournable. Certains lieux sont indissociables des artistes qui les ont vu grandir ! Si certains vont à Vienne pour marcher sur les pas d’Egon Schiele ou à Charleville-Mézières sur ceux de Rimbaud, d’autres rêvent de voir Bruce Springsteen à Asbury Park ou JuL à Marseille. On y va pour l’ambiance, le frisson, l’aventure... une sorte d’hommage ultime à ces artistes ou une certaine forme de pèlerinage, le « j’y étais ». Et puis, certaines villes ont des réputations : une chanson jouée sur une seule date de la tournée, un public hyper investi, une salle avec un son fantastique... Toutes les excuses sont bonnes pour vivre cette expérience live.

Il faut s’imaginer dans une salle de concert, les lumières s'éteignent, le public retient son souffle et soudain, la musique jaillit des enceintes avec une force irrésistible. C'est une atmosphère unique, une énergie palpable qui unit un tas d’inconnus dans une communion musicale. Les souvenirs qui en restent sont impérissables. Au fond, c’est plus qu’un simple caprice, voyager pour un concert c’est une opportunité. On peut découvrir un lieu, vivre le voyage autrement, rencontrer des gens car au cœur du « gig tripping » se trouve une communauté unie par une passion partagée. Des liens se tissent entre les fans qui se croisent lors de leurs périples musicaux, que ce soit dans la file d'attente devant la salle de concert ou lors d'une pause au café du coin. C'est une camaraderie spontanée, une connexion instantanée qui transcende les différences culturelles et linguistiques. 

A pratiquer avec modération

Tout cela est bien beau mais on ne peut pas aborder la question sans parler des défis logistiques et financiers que supposent cette pratique. La question de l’impact des tournées sur l’environnement n’a jamais été autant discutée. De plus, planifier un voyage autour d'une tournée de concerts demande une organisation minutieuse, une recherche incessante de billets et d'hébergements abordables, ainsi qu'une gestion prudente de son budget. Et puis, on ne va pas se mentir, il n’est pas de tout repos de voyager de ville en ville, d’enchaîner les nuits blanches dans des bus ou trains bondés et d’arpenter les lieux touristiques avant l’ouverture des salles de concert. 

Il est crucial de considérer l'impact écologique de nos choix de déplacements. Un aller-retour en avion simplement pour assister à un concert peut sembler disproportionné et néfaste pour l'environnement. Pour allier plaisir et conscience écologique, il est préférable de planifier un week-end prolongé ou des vacances autour de la date du concert. Cela permet non seulement de minimiser l'empreinte carbone de votre voyage, mais aussi de profiter pleinement de l'expérience, en se mettant dans des conditions optimales pour apprécier l'événement. Une alternative intéressante est de regarder les dates de concert dans des pays ou des villes frontalières, ce qui permet de réduire les distances parcourues. Le train représente une option écologique et confortable, tandis que certaines compagnies proposent des bus pour des groupes de fans, créant ainsi une ambiance conviviale et collective dès le trajet.

Autre bon réflexe : se poser la question de la valeur ajoutée d’un tel déplacement. Par exemple, est-ce que la salle de concert offre une expérience particulière ? Avez-vous envie de découvrir la ville où se produit l'artiste ? Cette réflexion peut transformer un simple déplacement pour un concert en une véritable aventure culturelle et touristique. L’idée principale est de transformer cet événement en un plaisir exceptionnel et ponctuel – une petite folie qui sera d’autant plus précieuse qu’elle reste rare. En optant pour des voyages moins fréquents mais plus significatifs, vous pourrez apprécier chaque moment avec davantage d’intensité, tout en respectant l’environnement et en enrichissant votre expérience personnelle. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : zamrznutitonovi/iStock

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