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Mieux que neuf :
Les meubles de Georgette a des couettes
Publié le 18 mai 2021 à 22h00
Depuis 2018, cette « artisan designer » chine des meubles qu’elle transforme ensuite dans son atelier situé à Reims. Un moyen de marier goût pour l’ancien, économie circulaire et design, et d’offrir à ses clients des pièces réellement uniques.
Longtemps, Georgette a des couettes (Stéphanie, de son vrai prénom) a dessiné des objets neufs. Designer de formation, elle créait à partir de rien un nouveau mobilier de jardin ou une nouvelle paire de lunettes. Le métier lui plaisait, et sa carrière semblait toute tracée... jusqu’à ce que, soudainement, son amour pour la chine, et son cortège de vieux meubles, patinés et attachants se rappelle à son bon souvenir.
« J’ai toujours aimé dénicher de vieux objets, parce qu’ils sont chargés d’histoire », confie-t-elle. Leur charme l’a finalement emporté : en 2018, la jeune quadra se spécialise dans la rénovation et le re-design de mobilier ancien.
Meuble chiné retapé par Georgette a des couettes, avant / après
« Ce choix a signifié une vraie évolution de ma pratique de designer » raconte-t-elle aujourd’hui. « Concrètement, je ne pars plus d’une page blanche mais d’un meuble conçu par quelqu’un d’autre, à qui je donne une seconde vie ».
Si la page n’est plus blanche, la marge créative demeure grande. Car le but est bien de faire jouer son regard de designer. « C’est vraiment ce que j’aime : détourner le meuble de son usage initial et lui inventer une fonction nouvelle ».
Stéphanie a d’ailleurs, au fil du temps, peaufiné des concepts devenus de véritables « signatures ». Exemple avec ces cuisinettes pour enfant, allure raffinée et couleurs pastel, réalisées à partir de tables de nuit des années 30. Bricoleuse, elle les dote même de mini-plaques de cuisson et de petits éviers pour une imitation plus vraie que nature.
La table de chevet retapée en cuisinette pour enfant, avant / après
Autres détournements stars de son catalogue : des bancs conçus par assemblage de deux chaises (en formica par exemple), grâce à une élégante assise sur mesure ; ou des grands tiroirs convertis en meuble de rangement pour les enfants. « L’intérêt, dit-elle, c’est que ce sont des pièces uniques, qui permettent aux gens de personnaliser leur déco et de sortir de l’uniformisation ».
La démarche est aussi éthique. Pour Stéphanie, « redonner une vie à quelque chose qui semblait fichu c'est s’impliquer dans une économie circulaire qu’il est devenu grand temps de valoriser. À quoi bon faire du neuf alors que des milliers de vieux objets de grande qualité n’attendent que nous ! », souligne-t-elle.
Reste, évidemment, à dénicher la précieuse matière première. Il y a, pour cela, les brocantes, bien sûr, mais aussi et surtout… leboncoin. « C’est un peu mon fournisseur officiel ! J’utilise l’appli tous les jours, et j’exploite au maximum ses fonctions : moteur de recherche, alertes, sauvegardes, paiement en ligne quand il faut rassurer les clients. » En 3 ans, elle estime à près de 150 ses trouvailles sur la plateforme.
Il faut avoir l’œil, suivre son intuition et « oser se lancer ». Comme lorsqu’il s’agit de « deviner le potentiel d’une petite commode pieds compas entièrement recouverte d’un vinyle au motif léopard», rit-elle. Ou quand, en allant chercher un meuble, on en découvre un autre, qu’on convainc le vendeur de nous céder. « Cela m’est arrivée avec un cozy, trouvé par hasard chez un particulier. C’est une sorte de tête de lit typique des années 60 : un meuble un peu rare et démodé, qui m’a tapé dans l’œil. Après ça, j’en ai chiné plusieurs, que je transforme en consoles ».
Banc de rangement converti en console, avant / après
Meuble transformé en console, avant / après
Une fois les trésors chinés sur leboncoin, le plus dur commence. Le joyeux labeur de Georgette a des couettes pourrait se résumer en un copieux triptyque : poncer, réparer, peindre. « La première étape, celle du ponçage/nettoyage, est capitale, souligne-t-elle. Bien préparer son support est une condition sine qua non pour que les interventions qui suivront durent dans le temps ». Le matériel requis ? « Du papier de verre et beaucoup d’huile de coude ! »
Ensuite, vient le temps de la réparation. Stéphanie, volontaire, s’est formée sur le tas : un stage chez un tapissier, un autre chez un métallier pour apprendre la soudure, et les tutos d’internet. Il s’agit ici de retaper ou remplacer des pieds, de restaurer des tiroirs, etc. Lorsqu’elle cale, elle n’hésite pas à activer son réseau pro, comme dernièrement pour un piètement métallique un peu complexe : « J’aime bien l’idée de la coopération entre artisans », précise-t-elle.
Last but not least, le clou du chantier : la peinture. Là encore, il faut être méthodique : « une sous-couche, deux couches de peinture, et parfois du vernis ». En sus, Stéphanie ajoute à certaines réalisations du papier peint, « pour apporter une touche de fraicheur ». Il lui arrive alors de dessiner elle-même les motifs qu’elle fait ensuite imprimer en boutique.
Un soin du détail qui paie : Georgette a des couettes a désormais 8 000 abonnés sur Instagram et, pour accompagner sa montée en gamme, elle va bientôt déménager dans un tout nouvel atelier dans le quartier rémois des Docks de Bétheny. Avec elle, les vieux meubles ont encore de très beaux jours devant eux.
Meuble repeint avant / après
Crédit photo
© Georgette a des couettes