Depuis plus de deux siècles, la Faïencerie de Gien dans le Loiret symbolise l'excellence de l'art de vivre à la française, à travers des créations qui allient raffinement, couleurs vibrantes et savoir-faire d’exception. Dans un monde en perpétuelle transformation, Gien a su traverser les époques, mais aussi les crises, pour renaître avec une ambition renouvelée sous l’impulsion de Marc Bureau, directeur général depuis 2019, et d’Ève Cazzani, sa nouvelle directrice artistique. Tous deux mettent leur expertise et leur passion au service d'une vision audacieuse : replacer Gien au rang des maisons iconiques de l’art de la table et de la décoration de luxe.

Une matière vivante 

Ce qui distingue la Faïencerie de Gien, c’est avant tout son matériau de prédilection : la faïence. Contrairement à la porcelaine, souvent perçue comme froide et formelle, celle-ci est une matière « vivante », chaleureuse et texturée, explique Marc Bureau. « La faïence, à la différence de la porcelaine qui est presque comme du verre, possède une chaleur et un toucher distinctifs. C’est un produit manuel, artisanal, que l’on travaille à la main comme une pièce de haute couture. »

Gien se démarque également par son offre variée, incluant des assiettes, des objets décoratifs et des pièces ornementales, allant bien au-delà de l'art de la table. La maison mise sur des motifs et des couleurs qui racontent des histoires et créent un lien émotionnel avec les clients. « On est une marque de couleurs et de décor, pas de simplicité. Nos pièces sont reconnues pour leur côté joyeux et ludique, qu’il s’agisse d’assiettes « parlantes » ou de décors inspirés du voyage, de la nature ou des animaux, » ajoute la nouvelle directrice artistique.

La transmission d’un savoir-faire d’exception 

La transmission du savoir-faire est une valeur fondamentale chez Gien, une « priorité vitale » pour Marc Bureau. « Notre faïencerie se distingue également par l’engagement de ses artisans, souvent issus de familles qui travaillent ici depuis des générations. » L’entreprise recrute des talents venus de filières de céramique, mais mise également sur une formation interne rigoureuse, indispensable pour maîtriser l'art complexe de la faïence. « Certains métiers exigent des années de pratique. Nous avons de jeunes recrues qui apprennent aux côtés d'artisans expérimentés. Cette culture de transmission est essentielle pour maintenir l'authenticité de nos produits, dans un monde où le fait-main est devenu rare, » explique-t-il.

S’il s’agit de mettre en valeur ses artisans, la Faïencerie a, depuis sa création, toujours  cultivé des liens étroits avec le monde de l’art. Ce patrimoine créatif, enrichi au fil des décennies, continue d’évoluer avec l’arrivée d’Ève Cazzani à la direction artistique. « Nous avons mis en place une sorte d’écurie d’artistes pour renouveler notre catalogue,» explique-t-elle. Ces collaborations permettent de réinventer l’identité visuelle de la maison en explorant de nouvelles approches, qu’elles soient colorées, architecturales ou inspirées des archives de Gien.

« Certains artistes nous intéressent pour leur palette de couleurs, d’autres pour leur travail sur les formes,» précise Ève. « Nous allons même sortir en janvier une collection en collaboration avec une designer textile américaine. » Elle décrit la flexibilité et la créativité qui président à ces choix : « Nous aimons twister les archives de Gien, ajouter des éléments géométriques ou colorés à des motifs floraux, par exemple, pour créer des pièces contemporaines ancrées dans notre tradition. »

Un engagement durable

Depuis toujours, la Faïencerie de Gien favorise une approche écoresponsable, une dimension presque naturelle pour une maison vieille de deux siècles. « Comme beaucoup d’industries artisanales, nos ateliers sont installés à proximité des matières premières, comme par exemple ici dans le Loiret. Cette proximité est née d’une logique économique, mais elle se révèle aujourd'hui écologique, » souligne Marc Bureau. 

D’ailleurs, la maison recycle 90 % de ses rebuts : « Ce qui ne peut pas être réutilisé dans la fabrication de notre pâte est cédé à d’autres industries, comme celle des revêtements routiers. » En complément, la faïencerie a récemment entrepris un bilan carbone complet afin de réduire encore davantage son impact environnemental, en accord avec l’objectif zéro carbone de la France à l’horizon 2030. « C’est un travail de longue haleine et en constante évolution, car nous mesurons et ajustons nos actions chaque année pour rester alignés avec nos objectifs écologiques. »

La marque de l’émotion

L’un des aspects uniques de Gien réside dans le lien émotionnel fort qui se crée autour de ses pièces, souvent transmises de génération en génération.  « Nos objets sont pensés pour durer et pour accompagner les moments de vie, » explique Ève Cazzani. « Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes cherchent des objets porteurs de sens, en rupture avec la consommation jetable. » Gien souhaite renforcer ce lien en cultivant une image de marque à la fois intemporelle et tournée vers l’avenir.

« Notre ambition est de redevenir une marque de référence pour l’art de vivre dans son ensemble, comme nous l’étions autrefois, » confie Marc Bureau. « Nous voulons que chaque client trouve chez Gien un cadeau, pour soi ou pour autrui, qui raconte une histoire et incarne un savoir-faire unique. »

La Faïencerie de Gien, avec ses 200 ans d’histoire, continue d’incarner l’excellence de l’artisanat français en célébrant la couleur, le décor et la matière. Aujourd'hui, elle se réinvente sous l’impulsion d’une équipe passionnée, qui conjugue tradition et innovation. Bien plus qu'une simple faïencerie : c’est un symbole de l’art de vivre à la française, où chaque pièce raconte une histoire, résonne de souvenirs, et invite à la contemplation.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Faïencerie de Gien