# Économie
Twomorrow, des lendemains qui changent
Publié le 27 septembre 2022 à 22h00
Tout quitter pour parcourir l’Europe à la rencontre des acteurs du changement climatique, ils l’ont fait. Rentrés en France, Célia et Léo de Twomorrow ne comptent pas s’arrêter là. Ils lancent un super podcast pour démarrer la rentrée sur une note écolo-positive. Rencontre.
Il y a trois ans, Célia Poncelin et Léo Primard décident de démissionner de leurs jobs respectifs dans le marketing pour se lancer dans un voyage sous forme de quête : rencontrer les entrepreneurs en quête de solutions écologiques.
Au total, ils effectuent cinq mois de tour d’Europe en 2021, 26 pays visités soit près de 20 000 kilomètres parcourus avec leur van Eugène grâce au soutien de leurs sponsors et leur communauté. A la veille de la sortie de leur podcast, L’avenir a du bon a rencontré ce couple engagé pour une vision plus positive de l’écologie et du développement durable.
Comment vous est venue l'idée de ce projet ?
Twomorrow :
Au moment du confinement, on a eu le temps de se renseigner sur les sujets d'écologie, sur l'urgence climatique et on s'est pris une bonne claque. Par la suite on s'est rendu compte qu'on n’y voyait pas très clair sur les solutions. Sur un fond de pessimisme, on s’est dit qu'il y avait forcément des gens qui œuvrent pour un meilleur futur et qu’il fallait absolument qu'on aille les rencontrer. Finalement, on a chacun démissionné de nos postes puis on s'est posé tous les deux une journée complète sur un exercice qui s'appelle l'Ikigai, un exercice courant en développement personnel qui permet de trouver un peu le point commun entre sa vocation, sa profession, ce dont on a besoin… Nos envies de couple et nos envies d'impact et de sens se reliaient plutôt bien sur ce projet de voyage. Et c'est comme ça qu'a débuté Twomorrow.
D’où vient ce nom « Twomorrow » ?
Twomorrow :
Célia avait trouvé le nom bien avant qu'on ne quitte nos jobs. Un soir, elle m’avait annoncé que si on venait à lancer un projet à deux, il s'appellerait Twomorrow parce que "Deux lendemains". Ça s'écrit presque comme tomorrow en anglais avec le "two" au début. Il y a plusieurs raisons à ça. D’une part, parce qu’il faut essayer de limiter le réchauffement climatique à deux degrés et notre empreinte carbone individuelle à deux tonnes par an et par personne en équivalent CO2. D’autre part, car c’est un projet qu’on mène à deux !
Et quel projet ! Comment vous êtes-vous organisés ?
Twomorrow :
C’est l’aventure forcément. On a été obligés de se laisser bercer parce que quand on voyage en van, ça peut vite partir en improvisation. Il y a eu à la fois de la préparation en amont, sur les cinq mois avant le départ, puis sur place notamment au moment de relancer les entreprises qu’on avait prévu de rencontrer. Pour trouver des sponsors, on s’est principalement concentrés sur des entreprises responsables, qui partageaient nos valeurs, labellisées B Corp par exemple.
Par ailleurs, on a lancé une campagne de crowdfunding pendant un mois pour vendre notre revue en précommande. A côté de ça, on a dû créer toute la marque, la communauté puis acheter un van (déniché sur leboncoin) et le rénover, planifier l'itinéraire et essayer d'organiser des entretiens avec les personnes qu'on voulait rencontrer. Beaucoup de travail de veille finalement pour déterminer quels étaient les entreprises, les secteurs, les lieux acteurs de changement.
Au-delà de l’aspect financier, comment vous ont accompagné les sponsors ?
Twomorrow :
Tout le monde ne pouvait pas participer financièrement mais leurs réponses enthousiastes nous ont beaucoup encouragés ! Ils nous ont suivis, nous ont donné un coup de main pour nous mettre en avant auprès de leurs employés, ou sur les réseaux sociaux. On a également reçu un accompagnement matériel de certains sponsors pour s’équiper pour de la randonnée ou pour le van. On a notamment collaboré avec Logico, en Gironde, pour essayer de diminuer la consommation de notre van qui reste un véhicule qui est assez émetteur et polluant. On a pu poser un économiseur d'énergie sur le véhicule grâce à eux et fait des tests pendant six mois pour leurs produits.
Votre périple à travers l’Europe, c’est vraiment l’aventure. Qu’est-ce qui vous a le plus marqués ?
Twomorrow :
Les imprévus font partie du voyage. Deux jours avant de partir, notre frigo a lâché, notre bac d'eau a explosé. Des petites choses qui font râler sur le coup mais rigoler quelques temps après. On a dû s’arrêter dans un garage en Pologne après une panne, on ne comprenait rien à ce que le mécano disait mais on a pu repartir quand même ! Si on a eu quelques contrariétés matérielles, on était quand même hyper préparés.
Ce qui nous a surtout marqués, c'est la rencontre avec les personnes. Certaines entreprises qui nous ont reçus étaient vraiment trop sympas. On a passé des supers moments et ils nous ont même invité à dîner et à dormir chez eux. D’autres nous ont fait faux bond ou nous ont parfois expédiés mais encore une fois, ça fait partie du jeu.
La vie en van nous a permis de beaucoup apprendre sur nous-mêmes. On part en couple à deux dans cinq mètres carrés, donc forcément, il y a beaucoup d'échanges, parfois aussi des petits conflits qu'on a réussi à désamorcer. C’est comme trois journées en une. On a pu découvrir des pays et des endroits incroyables, comme une base militaire désaffectée, parfois complètement inaccessibles sans van.
Après la revue, vous vous lancez dans le podcast, c’est la suite logique du projet Twomorrow selon vous ?
Léo :
Le podcast nous attirait beaucoup depuis longtemps. Il faut aussi dire que les rencontres, ça booste. C'est hyper inspirant, ça apporte de la positivité et ça nous permet de combattre fortement notre éco anxiété. Certains en souffrent davantage que d’autres et on a l'impression d'être des intermédiaires entre des gens qui sont brillants et dont les messages ne parviennent pas au grand public, et des gens qui ont soif d'apprendre et qui ont bien fait de découvrir qu'on peut fabriquer un monde meilleur tous ensemble.
Qu'est-ce qu'on va pouvoir découvrir dans votre podcast ?
Célia :
Notre objectif est de décrypter des industries et des milieux qui ne sont pas forcément connus du grand public et qui sont pourtant émetteurs de gaz à effet de serre. On va parler de construction, de mobilité, d'agriculture, de mode. On a imaginé un format de huit épisodes de trente minutes où l’on décrypte les enjeux de l'industrie pour comprendre pourquoi il faut y prêter attention. Dans une seconde partie, on accueille un intervenant avec lequel on échange autour des solutions possibles contre le réchauffement climatique.
Aujourd'hui, pour vous, quel serait le message le plus important à faire passer ?
Twomorrow :
Il faut absolument que les gens prennent conscience des choses et la seule manière d'avancer, c'est d'être curieux et de s’informer, de se renseigner auprès des médias et de groupes d'experts. Ce travail est essentiel pour prendre des décisions éclairées. En plus de l’information, Il y a aussi beaucoup d'ateliers de formation : des clubs, des associations qui œuvrent pour la sensibilisation. Prendre le temps chaque semaine de participer à des ateliers peut amplifier l’action individuelle et collective.
Pour ma part, il est important de comprendre les ordres de grandeur et l'impact. On peut perdre beaucoup d'énergie à se concentrer que sur les petits gestes sans voir les différents niveaux d’action. Je pense qu'avec trois actions au niveau individuel, comme arrêter de manger de la viande rouge, limiter considérablement les voyages en avion, voire arrêter et limiter la voiture, on peut réduire son empreinte carbone.
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Autrice : Carla P
Crédit Photo : Twomorrow