# Économie
Remettre le café au milieu du village
Publié le 16 janvier 2023 à 23h00
Lieu de convivialité par excellence, le café a progressivement disparu des villages et des centres-villes. Certains sont particulièrement motivés pour reprendre ses commerces et redynamiser la vie locale.
Qu’on l’appelle bistrot, troquet, café ou bar, il fut un temps où ces lieux étaient les centres névralgiques de la vie locale, qu’elle soit urbaine ou rurale. On y venait discuter, lire, patienter ou même tuer le temps autour d’un serré avalé au zinc, un grand crème qui accompagne la lecture du journal enfoncé dans la banquette ou un petit demi entre copains en terrasse.
Dans les années 1960, on recensait près de 600 000 bistrots à travers la France, on en comptait plus que 34 669 seulement en 2016. Dans les communes rurales de moins de 2 000 habitants, il n’en resterait que 8 900 d’après une étude menée par l’INSEE. Moins de cafés, mais des hommes et femmes qui cherchent à les faire revivre : L’avenir a du bon est allé à leur rencontre.
De la vie dans les (petites) villes
A Latrape, ville de 300 habitants située dans la campagne toulousaine, Stéphanie Bruel ouvre le bar du village au moins une fois par semaine. Dans la famille depuis ses arrière-grands-parents, il a pris feu il y a une dizaine d’années. Resté clos quelques temps après cet accident, il a été repris par son père qui a engagé des travaux afin d’accueillir les locaux et les troisièmes mi-temps les week-ends. Plus récemment, par elle et son compagnon qui vient donner un coup de main de temps en temps.
En poste à plein temps à Toulouse, cela lui semble néanmoins très important de préserver ce café même s’il n’est pas ouvert au quotidien. « Ça apporte de la vie ! C’est sympa d’avoir un lieu de rencontre, d’échanges », explique Stéphanie. Avec le soutien du comité des fêtes de Latrape, il rouvre deux jeudis par mois pour accueillir des concours de belote, un vendredi par mois lorsqu’une association locale organise un concert. De quoi amener un peu d’animation dans la région.
Ce n’est pas Jean Raymond Bruel, autre habitant de Latrape, qui va la contredire. A la tête du comité des fêtes et membre du comité municipal qu’il a relancé avec une bande de copains à leurs 18 ans pour redynamiser Latrape, Il est le seul à être resté sur place. Il y a ouvert son entreprise après avoir repris l’exploitation familiale et essaye de motiver les plus jeunes à s’engager auprès des initiatives communales comme la fête du village, les concours de motocross ou les soirées organisées au café.
Un élément phare de la vie en communauté
Pourtant, les cafés demeurent un élément phare des liens sociaux et de la vie en communauté. Sorte d’espace liminal entre la vie privée et l’espace public, ils sont des espaces d’échange, de discussion et de partage qui peuvent également se prêter à des services quotidiens indispensables type relais postal, dépôt de pain, presse…
Préserver un lieu de rassemblement chaleureux et commerces de proximité est un impératif pour de nombreuses communes. Cela n’a pas échappé au GROUPE S.O.S, spécialisé dans l'économie sociale et solidaire, qui a lancé en septembre 2019 l’opération « 1 000 cafés » soutenu par leboncoin. Le principe est simple : (ré)ouvrir 1 000 cafés multiservices dans 1 000 communes de moins de 3 500 habitants, dont le café est menacé de fermeture ou qui ne disposent plus de café mais d’un local adapté pour rebooster la vie sociale et économique locale.
Des élus peuvent poster des annonces de reprise et auditionnent les potentiels candidats avec l’appui de l’association. Une initiative qui séduit les habitants comme les édiles. En deux ans, 117 communes ont été sélectionnées, 65 cafés sont en activité tandis que 52 sont sur le point d’ouvrir partout dans le pays.
Autrice : Carla P
Crédit Photo : Polke