# Économie
Pourquoi le Danemark est-il « le pays le plus écolo » au monde ?
Publié le 1 août 2023 à 22h00
Pays pionnier en matière d’écoresponsabilité, le Danemark aspire à concilier les activités touristiques tout en préservant la nature, avec pour objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 au plus tard.
Au Danemark, il n’y a pas seulement des trolls géants et des smørrebrød – ce sont de grosses tartines très nourrissantes -, il y a aussi beaucoup d’éoliennes, de vélos dans les rues et pas moins de 7 poubelles de tri par ménage pour les déchets quotidiens. C’est normal : le pays Scandinave est considéré par de nombreux classements comme le pays le plus écolo du monde, très loin devant la France et ses voisins européens.
Mais comment le Danemark a-t-il atteint des objectifs si ambitieux ? D’ailleurs, quelles sont les ambitions du pays ? Alors que le Danemark a décroché haut la main la première place du classement de l’Indice de Performance Environnementale (IPE) des universités de Yale et Columbia, découvrons ce qui en fait le Roi des pays verts.
Au Danemark, on trempe dans le renouvelable depuis longtemps
Savez-vous combien représente la part d’énergies renouvelables dans la consommation des Français ? Presque 20 %. Et le Danemark ? 75 % ! Le pays, qui est sur la bonne voie pour atteindre son objectif de 100 % d’énergies renouvelables en 2050, s’est lancé à bras le corps dans sa transition il y a désormais quarante ans.
Le premier choc pétrolier de 1973 a en effet été un déclic pour les danois. A l’époque, le monde prend conscience de sa dépendance aux livraisons de pétrole et nombre de pays s’engagent dans la chasse au gaspillage et la course à l’indépendance énergétique. Mais alors qu’un retour à la normal des échanges internationaux freine les efforts de ses voisins occidentaux, le Danemark poursuit sur cette voie. En 1976, le gouvernement lance une série de mesures énergétiques – notamment axée sur le développement de l’éolien offshore – qui entérine le début de la longue transition énergétique du pays.
Au début de notre décennie, ce sont plus de 6 200 éoliennes, principalement offshores, qui sont installées au Danemark. On peut même observer cet immense parc depuis les plages de Copenhague. Mais pas seulement : le pays a aussi misé sur le solaire, l’hydraulique et la biomasse. En 2019, le pays produisait en effet 25 % de son énergie grâce à des centrales à biomasse : elles utilisent la vapeur d’eau dégagée par la combustion de matières végétales et animales pour créer de l’énergie. Pas mal, non ? C’est (surtout) danois.
Un temps d’avance dans les modes de vie
Mais d’où vient cette biomasse ? Des déchets des ménages danois, pardi ! Si le Danemark est le plus gros producteur de déchets ménagers d’Europe, c’est aussi le champion du recyclage : plus de 12% des habitations danoises sont ainsi chauffées grâce aux déchets, selon State of Green, partenaire du gouvernement.
Mais au-delà de la valorisation de ces déchets, les danois ont aussi un coup d’avance sur les habitudes éco-responsables. Dans la capitale, selon Libération, on compte cinq fois plus de vélos que de voitures et, dans l’ensemble du pays, on compte 8 millions de vélos, affirme la RTBF. La voiture est (presque) mise au ban de la société : une taxe de 150 % est appliquée à l’achat d’un véhicule neuf. Bref, c’est tout un système qui est porté sur un mode de transport durable.
Mais pas seulement : les danois ont aussi une conscience plus accrue du changement climatique que leurs voisins européens, note une étude de l’European Investment Bank. Un quart de la ville de Copenhague est constituée d’espaces verts et depuis 2010, toute nouvelle construction doit comprendre un toit végétal. Le Danemark est aussi l’un des plus grands consommateurs de produits bio au monde. Certaines îles se dédient même à des expérimentations éco-responsables, comme le zéro déchet. Etc, etc.
Bien sûr, tout n’est pas toujours rose au pays des Vikings : le « modèle danois » est le résultat d’un processus long qui fut et est encore parfois conflictuel. Mais l’énergie renouvelable, comme les modes de vie durable, font désormais consensus auprès de la classe politique comme de la population. Et ça, ça change tout.
Auteur : Benjamin B
Crédit Photo : pixdeluxe