# Économie

Moins de parkings, plus de clients : la nouvelle équation gagnante du centre-ville

Publié le 11 octobre 2024 à 08h56

Des rangées de voitures de plusieurs couleurs garées dans un parking
Des rangées de voitures de plusieurs couleurs garées dans un parking

Remplacer des parkings par des parcs, et des places de stationnement par des terrasses ? Dans certaines villes, l’avenir du dynamisme urbain se joue sans voitures.

Et si on remettait le piéton au centre du village ? Dans plusieurs villes de France comme à Lille ou Rouen, la question divise les commerçants. D’un côté, il y a ceux qui estiment que faciliter la circulation des voitures en centre-ville est un atout pour attirer les clients venus parfois de loin. De l’autre, il y a ceux qui estiment qu’un espace sans voitures est un espace plus attractif, où les promeneurs sont plus enclins à consommer. Mais qui a raison ?

Adieu voitures, bonjour piétons

Dans les grandes agglomérations comme Lille, Nantes ou Cahors, une partie des habitants délaissent la voiture pour se déplacer à pied pour faire leurs emplettes. C’est ce que rapporte Mathieu Chassignet de l’ADEME (l’Agence de la transition écologique) dans un rapport paru en mai 2024. Selon lui, à Lille par exemple, 42% des clients arpentent les rues commerçantes à pied, loin devant les transports en commun (28%) ou la voiture (21%). Même dans les villes plus petites comme Saint-Omer, près de 40% des clients choisissent de marcher pour faire leur shopping.

Ainsi, les habitudes changent ! Plus la ville est dense, plus la marche s’impose naturellement. Et si la voiture n’est plus la star des centres-villes, ce n’est pas pour déplaire aux habitants. À Rouen, seuls 20% des clients jugent le stationnement comme une priorité pour améliorer l’attractivité des boutiques. Même constat à Lille : selon l’ADEME, la majorité des consommateurs préfère que l’on mise sur des trottoirs plus larges, des espaces verts, ou des transports collectifs plus accessibles, plutôt que sur des nouvelles places de stationnement. 

Les commerçants sous-estiment les piétons

En réduisant l’espace dédié aux voitures, on libère celui des piétons et des cyclistes, ce qui permet de décongestionner un peu les rues. Pourtant, côté commerçant, ça grince un peu. Il faut dire qu’avec la concurrence des vendeurs en ligne, l’idée de vider les centres-villes d’une partie de leurs usagers n’a rien pour les ravir. Mais au fond, ils n’ont peut-être pas de quoi s’inquiéter.

Contrairement aux idées reçues, la piétonnisation peut même booster l’économie locale : à Lille, la fréquentation du centre-ville a bondi de 15% depuis qu’il est sans voiture. Les passants y passent plus de temps et s'arrêtent plus volontiers pour découvrir les boutiques. De plus, cette stratégie permet de lutter contre la désertification commerciale en centre-ville. Là où les grandes surfaces en périphérie drainaient historiquement la clientèle, les zones piétonnes redeviennent un point d’attraction privilégié. C’est ainsi tout un écosystème commercial qui se développe, avec de nouveaux acteurs : restaurants, boutiques indépendantes, et services de proximité.

Réduire les parkings ne signifie donc pas affaiblir les commerçants, bien au contraire ! C’est une opportunité de repenser le centre-ville comme un lieu de vie dynamique, adapté aux besoins des habitants et aux enjeux environnementaux de notre époque. En privilégiant la mobilité douce et en aménageant l’espace, les villes créent un cercle vertueux pour le commerce local, qui ne dépend plus des voitures pour prospérer.

Auteur : Marin TDM

Crédit photo : nonnie192 / iStock

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