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Les mentors :
Comment ouvrir un gîte avec Fanny Treffel
Publié le 9 juin 2021 à 11h25
Après vingt ans dans l’industrie automobile, Fanny Treffel a changé de voie. En septembre 2020, elle a acheté un mas provençal dans le Vaucluse, à côté du village de Faucon, et l’a transformé en gîte pouvant accueillir jusqu’à dix personnes. Un changement de trajectoire qu’elle ne regrette pas, et qui lui permet d’accueillir ses hôtes dans un cadre exceptionnel, avec une vue à couper le souffle sur le Mont Ventoux. Mais la reconversion peut parfois s’apparenter à un parcours du combattant. Pour tous ceux qui rêvent, comme elle, de se lancer dans la grande aventure de l’hôtellerie, Fanny nous explique les pièges à éviter.
Conseil n°1 : Bien choisir son emplacement
Un conseil valable pour la recherche d’un logement, mais qui l’est tout autant pour celle d’un gîte de tourisme. « J’ai voulu choisir un lieu et un endroit où je me sentais bien. La vue est impressionnante, et c’est la raison pour laquelle j’ai craqué en visitant.» Alors qu’elle cherchait à reprendre un gîte déjà existant, elle a finalement acheté un mas provençal à des particuliers, conquise par le cadre exceptionnel qu’il offrait. Et c’est précisément ce qui fait venir les clients. Au-delà de la vue, le point fort, c’est la région qui ne manque pas d’atouts : « on accueille aussi bien des amateurs de cyclisme venus faire le mont Ventoux que les oenologues amateurs en goguette ou des randonneurs ! ».
Un conseil qui s’accompagne d’une qualité indispensable : la patience. Car il ne faut surtout pas se précipiter. Elle-même a, par exemple, visité plus d’une douzaine de gîtes potentiels avant de se décider pour ce bien d’exception. «Il ne faut pas hésiter à demander des photos en amont, beaucoup de photos, et à se déplacer, même quand on habite loin», ajoute-t-elle.
Conseil n°2 : Rester dans son budget
« L’un des pièges, c’est de voir trop grand », nous dit Fanny. « Si je ne conseille pas d’acheter un bien bradé où l’on ne se sent pas bien, je déconseille aussi, peut-être plus encore, de se lancer dans un projet qui n’est pas dans son budget. Particulièrement en cette période de crise sanitaire, où les banques sont difficiles à convaincre, surtout pour des projets dans le tourisme. Ça n'a en effet pas été simple pour moi alors même que j’apportais 80 % du budget en apport personnel !»
Conseil n° 3 : Garantir une propreté impeccable
En hébergement touristique, le plus important, c’est la propreté. « C’est LE sujet auquel les gens sont extrêmement attentifs, avant même de réserver. Il faut être exemplaire lorsque l’on prend les photos qui vont nourrir son annonce, pour montrer une ambiance, mais aussi montrer que tout est impeccable. Tous les avis que je reçois me félicitent sur ce point. C’est fondamental d’être nickel de ce côté-là avant même de réfléchir au reste ».
Autre sujet d’importance pour Fanny, particulièrement en cette période de télétravail généralisé, c’est la connectivité du lieu. « C’est un paramètre important. Nous avons eu de la chance à Faucon, car la fibre a été installée au moment où nous sommes arrivés. Mais il faut être bien conscient qu’un gîte en zone blanche aura moins de succès ».
Conseil n°4 : Se démarquer de la concurrence
Pas toujours facile de sortir du lot dans le tourisme. Pour y parvenir, Fanny a apporté une petite touche d’originalité à son gîte : « nous avons investi dans le matériel pour récolter les olives du domaine, sur lequel poussent 135 oliviers : tracteur, râteau, filets, bouteilles… Et nous proposons à nos clients de faire la récolte avec nous ». Un plus qui transforme l’hébergement en expérience sensible.
Fanny souhaiterait également ajouter une offre de restauration, dès que les conditions sanitaires le permettront : « Proposer un ou deux repas par semaine permettrait d’améliorer l’expérience client et de nouer des liens avec nos hôtes. On sent bien que depuis le confinement, les clients cherchent davantage d’échanges et nous sommes là pour leur offrir ! Il faut aimer accueillir et recevoir du monde, être très sociable pour tenir un gîte touristique ! »
Conseil n°5 : Anticiper sur le début de la saison
Les plateformes de réservation comme leboncoin apportent une part importante de la clientèle. « Les plateformes de réservation de séjours cartonnent en ce moment. On reçoit des réservations pour l’été dès février - mars ! Il ne faut pas hésiter à mettre à jour les annonces dès le mois de janvier pour préparer l’été ».
Conseil n°6 : Prendre au sérieux le travail administratif
Si le projet est de faire de la location de vacances son activité principale, il est indispensable de créer une entreprise. Pour cela, le gérant d’un gîte doit déposer ses statuts, et choisir la meilleure forme juridique pour son entreprise. EURL, SARL, SAS : chaque forme possède ses avantages et ses inconvénients. Fanny, elle, a choisi de créer une SAS, qui protège mieux son capital de départ.
D’autres aspects ne sont pas à négliger, comme la réglementation relative à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. « Au-delà de quinze couchages, le gîte doit être entièrement accessible pour les personnes à mobilité réduite, ce qui peut être extrêmement difficile à réaliser techniquement ». Dernier détail qui a son importance : l’assurance. « Il est obligatoire d’être bien couvert par son assurance. N’hésitez pas à lire les contrats en entier, et à demander plusieurs devis », conseille enfin la cheffe d’entreprise.
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© Quentin Olivrie