Les curieux se retournent au bruit des fers sur le goudron et s'écartent pour céder le passage à une jolie calèche ancienne qui, sans ressembler au carrosse de quelques majestés, dégage un certain charme. Le cocher apostrophe la foule d’un air rieur : « On vous emmène au marché ? c’est gratuit ! ». 

La foule est ravie. Un « oh, mais c’est génial ! » se détache du brouhaha, tandis que les adultes se regardent d’un air entendu et les plus jeunes commencent à tirer sur la manche de leurs parents. A en croire ce spectacle adorable et désuet, les gens sont conquis. Il n’y a pas à dire, la parade est astucieuse ! 

Apprécier la lenteur perdue du voyage

Chaque été, en période de grande affluence, la mairie de Saint-Girons (Ariège) a ainsi décidé de mettre à disposition gratuitement des calèches pour faire la navette entre les parkings extérieurs et le centre-ville afin de dissuader les visiteurs de prendre la voiture. Un moyen malin de limiter les embouteillages et de faire découvrir l’un des plus beaux marchés de Midi-Pyrénées autrement. 

Il est vrai que, lorsqu’il fait beau et qu’on est en vacances, il est très agréable de se laisser conduire et de prendre son temps. Comme à Saint-Girons, il est possible, au moment des vacances scolaires, d’embarquer à bord des « Maringotes » pour rejoindre le Mont-Saint-Michel, si le temps le permet. Ces hippomobiles tirées par deux chevaux de trait retracent le chemin autrefois emprunté par les pèlerins venant se recueillir dans ce lieu hors norme. Vingt-cinq minutes durant lesquelles le temps s’arrête, laissant aux passagers la joie de découvrir le Mont et sa somptueuse baie, classés au patrimoine de l’UNESCO depuis 1979, façon écolo. 

Se retrouver sur le chemin de l’école

Joies estivales mais pas que ! Certaines agglomérations ont décidé de pérenniser ce moyen de transport dans le cadre du ramassage scolaire. À Vendargues, près de Montpellier, les enfants peuvent se rendre à l’école en empruntant l’une des trois calèches municipales gratuitement. Cette alternative zéro émission a été mise en place il y a près de 11 ans et chaque hippobus compte 12 à 30 places, desservent douze arrêts et cinq établissements scolaires différents. Première ville en France à instaurer ce ramassage un peu particulier, la mairie avait également lancé des collectes d'ordures à cheval quelques années auparavant. Celle-ci se félicite de lutter activement contre la pollution et le trafic tout en faisant du trajet vers l’école une aventure amusante et ludique pour les enfants. 

Investir dans le bien-être

Plus sympa que le bus, les calèches sont un moyen pour les plus jeunes de se retrouver et de passer du temps ensemble en dehors du cadre scolaire mais surtout une façon de les éduquer à la mobilité douce. En effet, adopter ce transport dès le plus jeune âge contribue à sensibiliser les prochaines générations aux enjeux climatiques. D’autres communes comme Gommegnies dans le Nord ont adopté les rosalies, ces carioles à pédales que l’on emprunte d’habitude dans les parcs, pour assurer les trajets vers l’école. Tandis qu’à Saint-Fort en Mayenne ce sont des vélo-bus qui font la navette. 

Ces moyens de locomotions 100% écologiques, autrefois cantonnés aux séjours touristiques, s’invitent dans le quotidien et laissent entrevoir un futur des transports plus vert et amusant ! Bien sûr, ces dispositifs alternatifs ont un coût. En effet, près de 114 000 € ont été déboursés à Vendargues car il faut bien que les chevaux soient nourris et soignés chaque jour. Cependant, la longévité du projet démontre bien que la dépense est un bel investissement, à tel point que la municipalité envisage de mettre une quatrième calèche en service.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Thomas Faull