# Culture & Loisirs

Rétro walking : une tendance TikTok qui nous met la tête à l’envers

Publié le 17 juin 2024 à 09h31

Ces dernières semaines, le rétro walking fait partie des tendances les plus suivies sur TikTok. Mais pourquoi a-t-on tous intérêt à marcher à reculons ? 

Et si, plutôt que marcher droit devant soi comme sur un podium, on avait intérêt à marcher à reculons ? Pas sûr que les coachs en développement personnel y voient quelque chose de symboliquement positif et pourtant, la science est formelle : les effets sur la santé de ce style de marche méritent qu’on s’y intéresse sérieusement. Selon les vidéos de « retrowalking » ou de « walking backward » visionnées plus de 24 millions de fois sur TikTok, elle permet d’améliorer les performances sportives et de mieux gérer ses dépenses d’énergie. 

Un corps plus tonique 

Comme beaucoup de citadins, j’essaie de marcher dès que je peux. En plus de découvrir mon quartier autrement, cela me permet d’éviter les effets néfastes de la vie sédentaire (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, risque accru de maladies chroniques…). En revanche, rien d’exotique à ma démarche : je place généralement un pied devant l’autre, sans me poser de question. Entre nous, la dernière fois que j’ai essayé de marcher à reculons remonte à l’enfance. Un défi stupide avec un cousin qui s’est terminé les fesses dans l’herbe. Intriguée par le discours des influenceurs et sportifs qui vantent les mérites de la marche à l’envers, j’ai eu envie de retenter l’expérience et d’en savoir plus. Mais comme je n’aime pas trop les démonstrations publiques qui amusent les badauds, j’ai attendu d’aller au parc pour me lancer.  

Enfin seule devant un tronc bicentenaire, je souffle un grand coup avant de reculer. Après cinquante pas, je me rends compte que cette pratique demande beaucoup de concentration, mais aussi d’avoir conscience de la position de mon corps dans l’espace ( ce qu’on appelle la proprioception, ndlr). Cela travaille aussi mon équilibre et des muscles qui n’ont visiblement pas trop l’habitude d’être sollicités. Pas vraiment une surprise quand on sait que stopper le mode pilote automatique de la marche est à la fois un challenge pour notre cerveau et notre corps. 

De meilleures performances sportives 

Si la science a prouvé que la marche active est bénéfique pour la silhouette, celle à reculons a un avantage de taille : pour une distance équivalente, la dépense énergétique est supérieure de 40%. Une étude américaine menée en 2005 sur vingt-six étudiantes a également montré que les personnes ayant suivi un programme d’entraînement à la marche à reculons de plusieurs semaines avaient baissé de façon importante leur niveau de graisse corporelle. Selon Joe Meier, entraîneur personnel et auteur de Lift for Life : « La marche arrière est une façon sous-estimée de faire travailler nos fessiers, tibias, chevilles et petits muscles des pieds. De plus, comme on est plus concentré, cela atténue l’impact de chaque pas, réduisant le poids exercé sur nos genoux. » Enfin, elle aurait également une action bénéfique pour le dos puisqu’elle oblige à se redresser. Une pratique intéressante pour les personnes qui ont tendance à marcher voûté. 

Le « rétro walking » a beau être une tendance relativement récente sur les réseaux sociaux, cette façon de se mouvoir est recommandée depuis longtemps par les kinésithérapeutes, les préparateurs physiques et les physiothérapeutes. « Dans un programme de rééducation, il est très fréquent d’y avoir recours », explique Janet Dufek, biomécaniste et professeur à l'École des sciences de la santé intégrées de l'Université du Nevada à Las Vegas, qui a étudié la marche à reculons. Une étude a d’ailleurs montré qu’après une pratique de six semaines, les sportifs souffrant d'arthrose du genou ont constaté une réduction plus importante de la douleur et de l'incapacité fonctionnelle, par rapport à ceux qui marchaient de manière classique. Mais aussi, que marcher à reculons sur une pente raide avait pour effet d’atténuer les symptômes de la fasciite plantaire (affection douloureuse du talon, ndlr). 

Tous à reculons ? 

De là à abandonner la marche avant pour de bon ? Pour la blague, je pourrais vous dire qu’il n’y a qu’un pas. Mais la marche à reculons ne peut pas être pratiquée partout et nécessite un accompagnement particulier. Les spécialistes conseillent de débuter cette pratique 5 à 10 minutes trois fois par semaine, le temps que votre corps s’adapte. Au début, préférez les surfaces molles ou les tapis roulants et faites-vous aider d’un·e ami·e ou de barres latérales. Une fois que vous vous sentirez à l’aise, vous pourrez augmenter la cadence et la distance jusqu’à courir l’équivalent d’une course classique. 

Sachez qu’il existe même des compétitions officielles où il est possible de courir à l’envers. Guillaume de Lustrac, un Isérois de 29 ans, a battu le record du monde du marathon en marche arrière en avril 2023, en terminant sa course en 3 heures et 25 minutes à Saint-Paul-lès-Romans. Quant au psychologue cubain Wilfredo Diaz, après avoir décroché cinq médailles mondiales dans cette discipline, il a réussi à achever un semi-marathon dans les montagnes italiennes, réputées pour ses pentes raides. Alors, prêts à tenter l’aventure ? 

Autrice : Romane G

Crédit Photo : Riska/iStock

Partager