# Culture & Loisirs
Les meilleurs films en salles pour bien démarrer l’année
Publié le 5 février 2023 à 23h00
En 2022, les cinémas français ont comptabilisé plus de 152 millions d'entrées, soit près des trois quart du public pré-crise sanitaire. Si ces chiffres sont encore loin de ceux de 2017-2018, les professionnels sont confiants pour 2023. Surtout que l’offre de rentrée est on ne peut plus séduisante !
Connue pour sa cinéphilie, la France est l’un des pays qui a connu l’une des meilleures reprises au monde en termes de fréquentation des salles de cinéma l’an passé, malgré un semestre soumis à l’obligation du pass sanitaire. Grâce à des cartons comme les blockbusters Avatar : la voie de l'eau, Top Gun : Maverick et Les Minions 2 : il était une fois Gru, le public a fait un retour très attendu dans les salles obscures.
Des chiffres prometteurs, mais cela va-t-il continuer ? Les nombreux films de qualité qui sortent en cette rentrée 2023 nous permettent de l’espérer. Alors, que voir au cinéma ces jours-ci ?
Les Banshees d’Inisherin
Le pitch : En 1923 sur l’île fictionnelle d’Inisherin, deux amis de toujours se retrouvent dans une impasse lorsque l'un d'eux met brutalement fin à leur relation, avec de lourdes conséquences pour tous les deux.
Notre avis : Le trio Martin McDonagh, Colin Farrell et Brendan Gleeson se reforme 14 ans après le cultissime Bons Baisers de Bruges pour une tragicomédie façon huis clos sur une île quasi déserte au large de l’Irlande. Le réalisateur, en digne héritier du théâtre de l’absurde, met en scène deux hommes, dont l’existence se limite aux falaises de cette île, pris dans un combat inutile, micro représentation de la guerre civile qui se déroule en toile de fond. Un film sublime qui mêle amitié, solitude, héritage et philosophie à travers des personnages dans un environnement si déconnecté qu’ils partent à la dérive en restant sur la terre ferme. Mention spéciale pour Jenny, l’âne miniature qui a gagné notre coeur.
Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh avec Barry Keoghan, Kerry Condon, Colin Farrell et Brendan Gleeson, 1h49.
Babylon
Le pitch : Manuel Torres, dit « Manny », est prêt à tout pour vivre son rêve : travailler dans le cinéma. Homme à tout faire, il va découvrir qu’il n’est pas le seul à vouloir ne serait-ce que quelques miettes de cet univers porté (et miné) par l'excès et la décadence du Hollywood d’avant les années 1930.
Notre avis : Damien Chazelle s’attaque à gros : dépeindre la splendeur et les misères de l'âge d’or hollywoodien, au début du XXème siècle. L’entreprise est ambitieuse, parfois même plus que l’histoire elle-même, mais cela fonctionne. On retrouve l’influence de Baz Luhrmann, Gatsby le Magnifique et autres fables fitzgéraldiennes, mais aussi les traces d’une industrie où tout était à faire et à inventer. Sorte de Chantons sous la pluie plus « honnête », Chazelle continue à explorer ses amours : le cinéma et le jazz. C’est beau parfois, long souvent, mais on vous défie de décrocher le regard de l’écran.
Babylon de Damien Chazelle, avec Margot Robbie, Diego Calva, Brad Pitt… 3h09
Vivre
Le pitch : Mr. Williams est un homme ordinaire, un gentleman qui a passé plus d’un demi-siècle à traverser la vie sans essayer de la comprendre. Lorsqu’il apprend que ses jours sont comptés, il décide de se mettre à vivre.
Notre avis : Remake du film Ikiru (1952) d'Akira Kurosawa, le script de Vivre a été écrit par Kazuo Ishiguro, prix Nobel de littérature. Il transpose l’histoire dans le Londres des années 1950, encore très amochée par la Seconde guerre mondiale, et s’intéresse à ce personnage enseveli sous des années de bureaucratie et de timidité joué par Bill Nighy, qui délivre ici l’une des plus belles performances de sa carrière. A la manière d’Un Chant de Noël de Dickens ou de La vie est belle de Capra, le drame se déploie comme une fable, un conte humaniste, un monde qui donne de l’espoir et de la vie mais dans lequel il vaut mieux être muni d’un ou deux paquets de Kleenex triple épaisseur.
Vivre d’Oliver Hermanus avec Bill Nighy, Aimee-Lou Wood, Tom Burke... 1h42
Youssef Salem a du succès
Le pitch : Youssef Salem, 45 ans, est un écrivain raté, jusqu’au jour où son nouveau roman rencontre un succès inespéré. Largement inspiré par sa famille (sans qu’ils ne le sachent), il doit maintenant éviter à tout prix que son livre ne tombe entre leurs mains …
Notre avis : On avait envie d'y croire et de retrouver le doux mordant du scénario du Nom des gens, dont Baya Kasmi avait à l'époque signé le scénario. La réalisatrice, très à l'aise avec la sociologie de situation et des personnages, met le doigt sur plusieurs sujets encore trop peu explorés par le cinéma français et encore moins sous le registre comique. Celle de la honte et de l'intimité d'une famille franco-algérienne, qui offre quelques scènes assez savoureuses. On en ressort réjouis même si une succession de péripéties absurdes semble parasiter la promesse du film: celle de se réconcilier avec sa famille et son identité.
Youssef Salem a du succès, de Baya Kasmi avec Ramzy Bedia, Noémie Lvovsky, Abbes Zahmani, Melha Bedia... 1h37
L'Immensità
Le pitch : Dans la Rome des années 1970, Clara une mère aimante de trois enfants est opprimée par sa vie de couple en plein naufrage, et se raccroche à son aîné pour ne pas sombrer dans la folie.
Notre avis : Pour fuir la peine que lui procurent les violences de son mari, cette resplendissante mère de famille s’adonne à des chansons et chorégraphies joyeuses, accompagnée de ses enfants. Mais la tristesse se lit perpétuellement dans ses grands yeux noirs, à l’exception des moments passés avec son aîné Adri, un garçon prisonnier dans un corps de fille. En somme, des personnages touchants en recherche identitaire, réunis dans une bulle affective mais coincés dans un passé austère et pesant. Ce qui est un non-sujet aujourd’hui : quitter son mari infidèle, être un garçon trans… ne l’était pas hier. Le réalisateur Emanuele Crialese dépeint des moments de la vie quotidienne de cette famille dysfonctionnelle tout en rendant hommage à la pop italienne de son enfance (Raffaella Carrà, Adriano Celentano, Patti Pravo…). Une allusion à sa propre histoire ?
L’Immensità, d'Emanuele Crialese, avec Penelope Cruz, Vincenzo Amato... 1h34
Auteur.ices : La rédaction de L'avenir a du bon
Crédit Photo : Gwen Goat