C’est peut-être un détail pour vous tant les livres sont vecteurs de culture, d’échange, d’apprentissage, omniprésents dans nos usages. Seulement, ce support n’est pas à tenir pour acquis, la preuve étant qu’avant ce début d’année, les personnes malvoyantes n’avaient pas accès à ce privilège à moins de dépenser des sommes considérables. 

Il fallait en effet débourser près de trois à cinq fois plus que pour un livre classique ! Le Centre de Transcription et d’Édition en Braille a donc été particulièrement fier d’annoncer, pour la Journée mondiale du braille le 4 janvier dernier, la mise en vente au prix unique des livres « adaptés ». 

Se mettre à la page

Il a fallu 40 ans pour voir l’arrivée des livres imprimés en braille au même prix que ceux destinés aux lecteurs voyants. En France, l’industrie du livre bénéficie d’une protection sans pareille : la loi Lang de 1981 garantit le prix unique afin que le plus grand nombre puisse avoir un accès facilité aux œuvres. C’est donc désormais aussi le cas de celles en braille, qui seront vendues à des prix compris entre 11 et 30 euros, contre l’ancienne fourchette  qui voyait le prix des livres s’élever entre 60 et 122 euros.

Leur prix unitaire élevé s’expliquait notamment par leur « format bien plus épais, leur adaptation demand[ant] le travail de spécialistes, des machines particulières et un papier exigeant » selon le Centre de Transcription et d’Édition en Braille (CTEB). Cette association toulousaine est un pilier de ce monde spécialisé puisqu’elle rassemble en son sein imprimerie, librairie et maison d’édition. Avec un catalogue fort de plus de 2 000 titres disponibles auprès du CTEB, cette nouvelle est une petite victoire.

La démocratisation de l’accès à la lecture

On estime à 255 000 à 300 000 personnes parmi le lectorat en langue braille, soit environ 15% des malvoyant.es en France, selon les chiffres rapportés par Bruno Gendron, président de la Fédération des aveugles de France. De quoi entrevoir une réelle égalité des chances d’accès à la culture.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Kokouu