Il existe plusieurs types de voyageurs : le consciencieux qui suit le guide à la lettre et au pas de course, l’amateur de gastronomie locale qui ne voyage que de table en table, le flâneur qui se perd très volontairement les mains dans les poches et, parmi les moins connus… le cinéphile. 

Les films sont des sources intarissables d’inspiration et peuvent même influencer la manière dont on voyage. Véritable phénomène mondial, l’Islande, la Croatie, la Jordanie ont vu débarquer des hordes de fans d’Indiana Jones ou Interstellar, tandis que ceux de La Dolce Vita et de la Cinecittá arpentent toujours les rues de Rome à la recherche du fantôme de Fellini. 

Ciné-tourisme, les yeux en l’air et la tête dans le film

Le cinéma-tourisme consiste donc à suivre la trace des héros et héroïnes du grand et du petit écran plutôt qu’un guide classique. C’est une façon alternative de découvrir une ville ou une région mais aussi de multiplier les circuits.

Par exemple, il est possible de vivre un Paris à la Montmartroise comme celui d’Amélie Poulain comme de découvrir une facette plus alternative de la capitale en récréant la balade d’Ethan Hawke et Julie Delpy dans Before Sunset, de la librairie Shakespeare & co jusqu’aux cours végétalisées du Faubourg Saint Antoine. Le prix de l’escapade la plus touristique revient à Drôle de Frimousse de Stanley Donen qui, malgré quelques incursions dans le 18ème arrondissement, permet de voir tout le gai Paris. D’ailleurs, en cas de doute sur l’itinéraire, la chanson phare « Bonjour, Paris ! » saura guider les plus distraits. 

Et il n’y a pas que les grandes villes ! Qui n’a jamais rêvé de visiter l’arrière-pays niçois après avoir vu La Main au Collet d’Alfred Hitchcock ? Ou la Riviera virevoltante de La Baie des Anges de Jacques Demy ou de L’Arnacoeur de Pascal Chaumeil ? Le sud-est de la France est un paysage incontournable et immuable du cinéma. L’office de Tourisme du Lubéron propose même des visites guidées sur les lieux de tournage mythiques de la région comme Jean de Florette ou La Gloire de Mon Père. Les fans de vins et de cinéma se plaisent à explorer les environs de la Bourgogne ayant servi de toile de fond à Ce qui nous lie, film de Cédric Klapisch sur les vignerons de la région grâce à l’application Balades en Bourgogne.

Cinéma et territoire, une relation amoureuse digne des meilleurs films

Le cinéma est un atout majeur pour les collectivités qui peuvent ainsi faire rayonner le patrimoine et le territoire local tout en permettant à des films de se réaliser et de se déployer dans un décor qui leur est propre. C’est en quelque sorte du placement de produit : un film ou une série tournée hors-studio permet de valoriser les ressources d’un lieu et même de participer à son développement économique, pendant et après la production (hébergement, restauration, embauche de personnel sur place). Le cinéma et le territoire entretiennent une relation interdépendante puisque le territoire apporte une singularité à la narration tandis que le cinéma immortalise les lieux qu’il photographie. On peut penser à la comédie de Caroline Vignal Antoinette dans les Cévennes tourné en Lozère sur le GR70. Antoinette part à la recherche de son amant et s’embarque dans une randonnée avec un âne sur le sentier de randonnée rendu célèbre par l’écrivain Robert Louis Stevenson. Une balade incontournable à retrouver sur le site de la Fédération Française de Randonnée.

Les plus mordus du 7ème art vont jusqu’à voyager pour recréer des scènes de films comme le compte Instagram « Stepping Through Film » ou, surtout pour les fans du réalisateur Wes Anderson, prennent en photo tous les lieux qui ressemblent aux scènes les plus iconiques. Ces comptes proposent aussi souvent de découvrir les histoires de ces endroits associés avec le cinéma. Finalement, alors que certains curieux ne s’étaient déplacés que pour voir un lieu de tournage (dont il ne reste peut-être plus rien), ils peuvent être surpris de découvrir l’histoire qui se cache derrière une façade ou un bâtiment. En somme, le ciné-tourisme peut paraître être une excursion assez superficielle mais qui peut se transformer en immersion dans un sujet tout autre. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Nataliya Vaitkevich