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Café, vélos, potos : ces lieux où la communauté du vélo s’agrandit
Publié le 11 mai 2023 à 22h00
Les vélos, ce n’est pas seulement bon pour les mollets : c’est aussi pas mal pour se faire des copains ! Le phénomène des « cafés-vélos », qui se répandent comme une traînée de poudre en France, en est la preuve.
On sirote son petit café au comptoir, on cause pédales et spots à découvrir, puis on s’arrache sur sa bécane en acier ou en alu, casque vissé sur la tête et mains sur le guidon. Les cafés-vélos, ce sont ces lieux où la communauté des cyclistes français se retrouvent. Passionnés de la première heure ou petits nouveaux dans l’univers des deux roues, ces boutiques hybrides accueillent tout le monde. On a passé une tête dans certains d’entre eux pour mieux découvrir le phénomène.
Manger du bitume et boire du café
C’est à une centaine de mètres de la place de la République de Paris, dans la rue de la Fontaine au Roi, qu’on trouve la petite terrasse du premier café-vélo parisien. Deux tables installées à la va-vite trônent sur le trottoir, mais aussi, chose rare, un range-vélo dédié uniquement aux clients du lieu. « Il y a un peu deux types de clientèle, ici : ceux qui voient la terrasse et les sapes, décident de faire un tour et finissent par se prendre un café, même s’ils ne sont pas cyclistes, et ceux qui viennent exprès ici parce qu’ils recherchent un lieu de communauté », explique le serveur en nous faisant couler un expresso.
On est chez Steel Cyclewear and Coffeshop, le paternel un peu cool des cafés-vélos de la capitale. Et pourtant celui-ci n’est pas si vieux : né en 2015 des cendres du magazine du même nom (Steel), le coffee-shop est l'œuvre de Marc Sich, fana de vélo qui a choisi d’allier sa passion pour les deux-roues à une forme d’art de vivre. En se promenant dans les rangées de Steel Cyclewear, on trouve les marques favorites des dandy cyclistes (Rapha, Patagonia, entre autres) et tout l’attirail des gens bien équipés. « A l’époque, dans le milieu du cyclisme, il manquait quelque chose à Paris et les gens se demandaient où ils pouvaient se retrouver après leur journée », explique Marc Sich. « (...) Il y a toujours eu une connexion entre le café et le vélo. Le cœur d’un magasin de vélo, c’est son atelier de réparation. Nous, c’est le coffee-shop. »
From Montréal to London to Paris
Dans son Guide des cafés vélos, le journaliste Yves Blanc en répartorie trente-six en France. Une liste loin d’être exhaustive mais choisie, qui permet à l’aventurier à bicyclette de pouvoir se poser où qu’il se trouve dans l’Hexagone. Un site spécialisé, Bike Café, permettra aux curieux de voyager léger tout en consultant les meilleurs coffee-shop depuis leur smartphone.
Mais ça vient d’où, les cafés-vélos ? Et puis ça remonte à quand ? La réponse fait débat. Les tenanciers de la boutique Pastel, à Paris encore, nous expliquent que les origines plus ou moins lointaines viennent des livreurs à vélo américains qui se retrouvaient pour faire un break entre deux courses. Marc Sich, lui, tire son inspiration de la célèbre boutique Look Mum No Hands, ouverte à Londres en 2010 sur Old Street et qui a su attirer et inspirer les cyclistes du monde entier, pour une réparation express ou un café en terrasse - malheureusement, la boutique a fermé ses portes en début d’année.
Si Yves Blanc reconnaît l’influence du lieu, c’est pour lui au Canada que l’on trouve les origines du mouvement des bikers accros à la cafféine : « Si l’on remonte un peu plus dans le temps, la Maison des Cyclistes inaugurée en 1994 à Montréal avait déjà des allures de café-vélo », écrit-il dans son livre.
En France, c’est La Bicycletterie de Lyon qui a inauguré le festival, en 2014. Mais peu importe l’origine de l’histoire : les cafés-vélos ont le vent en poupe et le renouveau du cyclisme urbain n’y est pas pour rien.
Roule ma poule
A Paris, l’utilisation du vélo a explosé, comme l’explique Libération. En septembre 2022, par exemple, la fréquentation moyenne de la piste cyclable du boulevard Sébastopol s’élevait à 15 500 passages par jour environ, soit une hausse de 17 % par rapport à l’année précédente. « A chaque grève ou problème de société, nos chiffres de fréquentation augmentent. Les gens en ont marre des transports en commun et s’essaient à une nouvelle mobilité », continue Marc Sich.
Mais si les vélo-taffeurs ou les simples curieux font vivre ces lieux communautaires, le cœur de ces affaires, c’est le rassemblement des vrais passionnés. « Ces concepts fonctionnent mais il faut une vraie communauté, sinon ça devient vite difficile », explique-t-on dans la boutique Pastel du quatrième arrondissement, deuxième boutique du nom, ouverte en novembre. Ici, contrairement au premier shop ouvert de la rue Richer, qui fait véritablement office de café, on sert seulement un verre ou un expresso le temps de patienter ou en guise de bienvenue. Malgré cela, on fait vivre la communauté avec des événements autour du vélo. Fin avril, c’était par exemple la Gravel Week : tables rondes et essais autour de ce type de bécane proche des VTT. Sorties de bouquins, événements divers, « il y a même des gens qui viennent spécialement pour regarder les courses, le problème c’est qu’on est pas ouvert le dimanche », conclut-on du côté de Steel. Bref, on sait où se poser pour le Tour de France.
Auteur : Benjamin B
Crédit Photo : Baranoz Demir