We Love Green n'est pas seulement un festival de musique, mais un espace où chaque détail est pensé pour offrir une expérience unique. La scénographie y a toujours joué un rôle crucial, évoluant chaque année pour surprendre et inspirer les visiteurs. Les matériaux utilisés, les structures, et les installations artistiques sont conçus dans une optique de circularité, réutilisant et recyclant autant que possible. Depuis deux ans, We Love Green invite des étudiants en art à participer à la scénographie du festival. Cette initiative a été lancée avec le soutien de la Direction générale de la création artistique (DGCA) du Ministère de la Culture pour intégrer la vision et la créativité des jeunes talents. L’objectif est double : lancer une réflexion commune pour repenser l’espace du festival à l’heure du dérèglement climatique, et offrir aux étudiants une plateforme pour exprimer leur art à grande échelle. 

Mêler expérimentation et expression artistique

Pendant près de six mois, les étudiants des Écoles des Arts Décoratifs et des Beaux-Arts de Paris travaillent en étroite collaboration avec les équipes du festival pour créer des œuvres monumentales, alliant esthétique et durabilité. Leur engagement se traduit par l'utilisation de matériaux recyclés, mis à disposition via la récupérathèque du festival, la modularité des structures, en suivant le thème de cette édition :  la biodiversité.

En tout, 39 élèves, 30 issus des filières « Scénographie » et « Design Textile et matière » de l’école des Arts Décoratifs et 9 venus du cursus « Fresque et Art en Situation », aux Beaux-Arts de Paris, ont travaillé avec leurs professeurs, des artistes et les équipes du festival entre janvier et mai 2024 autour d’une installation chacun. Selon Florian Thuillier, directeur de la Scénographie de We Love Green, ce programme « permet aux étudiants d’avoir une expérience concrète, de découvrir des problématiques communes à tout l’événementiel, de confronter les pratiques et les opinions. L’idée est de faire de la sensibilisation par le biais un cahier des charges strict allant du sourcing des matières aux normes de sécurité et l’anticipation de l’après festival, c’est-à-dire que deviennent ces installations ? ». 

Ce programme a pour objectif de promouvoir la création contemporaine en exposant, lors du festival, les œuvres et recherches réalisées au cours de l'année. L'idée est d'intégrer pleinement ces créations dans tous les espaces du festival, en l’enrichissant de multiples identités artistiques. Florent Thuillier imagine bien même, à terme, voir le programme s'étendre à des domaines tels que l'architecture et le design industriel, pour ainsi devenir une initiative véritablement hybride. 

Célébrer le vivant avec « Inflorescence » et  « TOURNE SOL »

Chaque installation résulte d'une production et d'une réflexion collectives, tout en mettant en valeur les contributions individuelles et les projets spécifiques de chaque participant. Coté Arts Déco, les étudiants ont imaginé « Inflorescence », une sorte de canopée organique et immersive qui s'inspire de la richesse de la biodiversité où les festivaliers pourront se poser, manger et profiter de l’événement. Cet espace de repos et de rencontre invite les visiteurs à explorer la végétation environnante d'un point de vue inédit, en les plaçant à l’échelle d’un insecte. Composée de tours d’échafaudages ornées de tissus peints et découpés à la main, cette structure modulaire crée un environnement poétique et stimulant.

Non loin de là, les visiteurs peuvent découvrir « TOURNE SOL », un carrousel-cadran né d'un rêve mêlant l'histoire des fêtes foraines, des rave parties et la magie des parcs et forêts, « quasiment compostable » selon Virginie Pringuet, la professeure référente du projet. Ce manège enchanteur abrite cinq créatures chimériques : un épouvantail chamanique (Elvire Cheviron), un figuier étrangleur (Sojung Moon), un coquillage spiral (Sehaj Malik), une chimère médiatique (Misha Zavalny) et une mystérieuse ruche (Hanna Lee). Tissées en osier brut et reliées par un fil de lumières imaginé par Yassin Bouzid, elles dansent au rythme de la météo, des concerts et des performances étudiantes. Léo Marybrasse a sculpté l’axe horizontal en bois qui insuffle la vie à cette structure mouvante, tandis que Mara Thévenet, avec son environnement textile poétique, veille aux levers de drapeaux. À proximité, le FOMO Club de Yacine Ouelhadj rend hommage à la culture rave des années 1990 en recomposant et réimprimant analogiquement dix flyers mythiques de cette époque, offerts en tirages uniques à 1500 festivaliers.

Grâce à We Love Green, les artistes résidents s’ouvrent à de nouveaux publics. Les créations exposées au festival sont le fruit d'une année de travail intense, mêlant recherche, conception et réalisation. Par exemple, après un stage en vannerie pour travailler l’osier, certains étudiants des Beaux-Arts séduits par la manière dont il permet de « dessiner dans l’espace » ont décidé de l’intégrer à leur pratique artistique future. Même constat aux Arts Déco, où des étudiantes n’imaginaient pas être si agréablement surprises par le confort d’une assise fabriquée à partir de cordes d’escalade. L’enthousiasme des étudiants est aussi contagieux que le regard admiratif des équipes pédagogiques qui les ont suivi dans toutes leurs aventures et expérimentations. 

En intégrant pleinement ces œuvres à l'expérience du festival, We Love Green encourage les jeunes talents, issus d’une génération sensible à ces enjeux, à repenser les pratiques artistiques dans une perspective écologique et responsable. Chaque installation, chaque performance est une invitation à rêver et à imaginer un avenir plus vert, plus humain. Les festivaliers sont invités à interagir avec les œuvres, à réfléchir sur les thèmes abordés, et à s'inspirer des solutions innovantes proposées par les jeunes artistes.

Rendez-vous au festival We Love Green les 31 mai, 1er et 2 juin 2024

Plaine de la Belle Étoile, Bois de Vincennes, 75012 Paris

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Arts Déco/INFLORES