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A la bonne heure : Cartier

Publié le 2 janvier 2023 à 23h00

À l’approche des fêtes, L’avenir a du bon partage avec vous chaque semaine l’univers littéraire d’un auteur de renom, et celui d’un objet précieux. Cette semaine, on vous parle de Jean Cocteau, et des bijoux Cartier. Avec une particularité : non seulement Cocteau parle de Cartier, mais il est aussi créateur de bijoux pour la maison !

Le roman

La belle et la bête, Cocteau, 1946.

La référence nous vient d’un film d’avant-garde, inspiré par un roman de Leprince de Beaumont et réalisé par Cocteau  : La belle et la bête. Jean Marais dont Cocteau est amoureux et à qui il a offert les trois anneaux, y campe un personnage à son tour transi d’amour pour une jeune femme appelée « Belle ». L’histoire se résume ainsi : pour l'offrir à sa fille, le père de Belle cueille, sans le savoir, une rose appartenant au jardin de la Bête (un thérianthrope), qui s'en offense. Afin de sauver son père, la Belle accepte de partir vivre au château de la Bête. A la suite de la sortie du film, Cocteau et Marais s’installent ensemble à Milly-la-Forêt et surnomment leurs anneaux « Trinity La Belle ». Une appellation qui sera reprise par le joaillier en 2010 pour l’une des déclinaisons du modèle.

« Cartier qui fait tenir, magicien subtil, de la lune en morceaux sur du soleil en fil… »

Cartier, les origines

Le XIXè siècle est décidément celui du bijou, et Napoléon, un faiseur de roi. Louis-François Cartier commence modestement son activité en reprenant, comme le veut la coutume, l’atelier de son maître artisan Adolphe Picard en 1847. Après la coutume, l’adage : l’élève dépasse le maître. Distingué par ses créations audacieuses, Cartier connaît un premier succès en créant le bijou de la princesse Mathilde (la nièce de Napoléon) en 1856. Trois ans plus tard, il se rapproche encore davantage du soleil et devient l’un des artisans fétiches de l’impératrice Eugénie. 

Rapidement son succès dépasse les frontières. Les têtes couronnées sont étourdies par les audaces de Cartier. L’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, la Belgique et bien évidemment la Russie, aucune couronne ne lui résiste. Il travaille tout autant le bijou que l’horlogerie, et propose en 1888 une montre pour femme à porter au poignet. Rejoint par son fils Alfred, la marque installe sa boutique au 13 rue de la Paix l’année suivant. 

Son petit-fils Louis se fait remarquer en proposant à son ami l’aviateur Santos Dumont d’accrocher une montre à son poignet, comme il le fait pour les femmes, pour qu’il puisse voir les minutes s’égrener sans lâcher le manche de son bi-plan. La suite ne sera qu’une longue et ininterrompue progression pour se hisser au premier rang mondial dans les années 70 et ne jamais lâcher cette position de leader. Aujourd’hui plus que jamais, le joaillier des rois est le roi des joailliers.

Cocteau, client et source d’inspiration

Les années 20 sont folles et Jean Cocteau traverse cette décennie avec grand succès. Poète, peintre, dessinateur, écrivain, Cocteau cumule tous les talents. Lui qui a rencontré à la sortie de la guerre le jeune Raymond Radiguet noue une relation amoureuse avec cet autre poète. Mais l’opium en vogue que Cocteau consomme abondamment aura la peau du jeune Radiguet qui meurt à l’âge de 20 ans, en 1923. 

L’année suivante, Cartier livre à Cocteau ce bijou commandé (un anneau « triple saturnien » selon l’auteur) qui, selon la légende, était censé être destiné à Radiguet. Une bague, sans ornement, fait de trois ors (platine avant que l’or gris ne prenne le relais, or jaune et or rouge), à l’attention des hommes et des femmes. La bague Trois ors est une petite révolution et rencontre un succès immédiat dans une époque où les mœurs se libèrent. Cocteau portera deux bagues à l’annulaire, la sienne et celle de celui à qui il a juré son amour. La force de ce bijou réside sans conteste dans son intemporalité. Romy Schneider, Cary Grant, Grace Kelly, Alain Delon, Duc de Windsor, Lady Di ou plus récemment, Kim Kardashian… les trois ors sont partout.

Trinity aujourd’hui

En près de 100 ans d’existence, les déclinaisons sont évidemment nombreuses. Sertis à plusieurs niveaux et tailles, en différentes matières (dont une comprenant de la céramique noire), le spectre de ces anneaux progressivement rebaptisés Trinity est large. Bagues, bracelets ou boucles d’oreille, sur cordons ou en pendentif, le joaillier du 13 rue de la Paix a déployé des trésors d’ingéniosité. 

Il existe également une offre abondante en seconde main qui mérite qu’on s’y arrête. Au-delà de la signature de la maison et du poinçon, dans la mesure du possible, vérifiez le poids des anneaux que l’on vous propose. Enfin notez qu’il existe beaucoup de petites tailles, correspondant au port initial à l’auriculaire de Cocteau, comme une chevalière. Mais un large auriculaire masculin peut aussi correspondre à un annulaire féminin parfois…

Auteur : Nicolas Salomon

Crédit photos : Cartier

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